Les deux planètes les plus éloignées de notre système sont délaissées depuis toujours, l’Homme préférant braquer son œil sur Mars, Jupiter ou encore Saturne. Mais cela pourrait bientôt changer. La NASA envisage d’envoyer des sondes vers Uranus et Neptune en 2030.
Survolées par les sondes Voyager 1 et 2 (aujourd’hui à plus de 17 milliards de kilomètres de la Terre) pour une assistance gravitationnelle, les deux Géantes glacées Uranus et Neptune n’ont plus été étudiées depuis (en profondeur du moins). Elles recèlent pourtant beaucoup de mystères. Tout en ressemblant aux géantes gazeuses Jupiter et Saturne, Uranus et Neptune sont des planètes tout à fait différentes, non pas principalement constituées d’hydrogène et d’hélium, mais de composés tels que l’eau, l’ammoniac et le méthane. L’étude d’Uranus et de Neptune pourrait notamment jeter la lumière sur les origines du Système solaire, mais également nous permettre d’en apprendre davantage sur les exoplanètes récemment découvertes, tant les similitudes sont nombreuses.
La NASA exprimait donc récemment son attention d’envoyer un orbiteur et une sonde atmosphérique directement sur place d’ici à 2030 pour étudier en profondeur les anneaux, les satellites, l’atmosphère et la magnétosphère des deux géantes (Neptune est 17 fois plus massive que la Terre et Uranus 14 fois). Trois orbites sont notamment proposées pour les deux planètes, permettant d’étudier les 29 lunes déjà répertoriées pour Uranus et les 14 pour Neptune, puis une plongée dans l’atmosphère des deux géantes pour mesurer les niveaux de gaz et les éléments lourds. D’autres objectifs comprennent l’étude des champs d’énergie, la météo et le climat. Une mission sur Neptune se concentrerait également sur sa plus grande lune, Triton, capturée à la ceinture de Kuiper et probablement composée de geysers avec une atmosphère ténue.
Uranus dispose quant à elle d’un système de satellites plus large qui s’est probablement formé dans un disque autour de la planète (comme les systèmes de satellites de Jupiter et de Saturne), de quoi alimenter la science planétaire comparative. « Je serai ravi de mieux comprendre la diversité de ces petits mondes », annonce Jonathan Fortney, de l’Université de Californie à Santa Cruz, qui ne cache pas sa préférence pour une mission vers Uranus. Comprendre comment Uranus et Neptune se sont formées permettre également aux chercheurs d’en apprendre davantage sur les milliers d’exoplanètes répertoriées à ce jour, dont la plupart sont de la taille de Neptune.
Il y a cependant quelques obstacles à cette mission. Le voyage prendrait en effet au moins quatorze ans et aurait besoin d’utiliser l’énergie nucléaire, car l’énergie solaire serait largement inefficace à une distance aussi éloignée du Soleil. Les batteries atomiques alimentées au plutonium-238 utilisées par la NASA sont à ce jour insuffisantes, les traités internationaux empêchant l’enrichissement du plutonium depuis de nombreuses années. Avec de la chance, une mission vers Uranus pourrait être envisagée d’ici 2034. Pour Neptune la fenêtre est un peu plus courte. Passé 2030, il faudrait patienter jusqu’en 2041 pour pouvoir profiter de l’assise gravitationnelle de Jupiter.
Source : NASA