Une supernova a-t-elle tué les grands animaux marins il y a 2,6 millions d’années ?

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Les supernovas – des étoiles en fin de vie qui explosent – sont des événements puissants. Si l’une d’elles était assez proche de la Terre, il serait donc possible qu’elle ait des conséquences désastreuses pour la vie sur notre planète. Selon une récente étude, ce fut d’ailleurs peut-être le cas il y a 2,6 millions d’années.

Il y a environ 2,6 millions d’années, une supernova explosait à environ 160 années-lumière de la Terre. Cette date – approximative – correspond néanmoins avec un événement d’extinction sur Terre : celle de la mégafaune marine du Pliocène. Jusqu’à un tiers des grandes espèces marines sur Terre ont en effet disparu à l’époque, et la plupart évoluaient dans les eaux peu profondes. Cette explosion stellaire peut-elle donc être réellement responsable ? Et si oui, comment expliquer cette extinction ?

Une question de fer

La grande majorité du fer dans l’Univers est du fer 56 (un noyau composé de 26 protons et 30 neutrons). Le fer 56 est stable, donc il ne se désintègre pas. Mais le nombre de neutrons peut varier. Nous avons par exemple sur Terre du fer 60 (un noyau composé 26 protons et 34 neutrons). Celui-ci en revanche n’est pas stable, donc il se désintègre (pour finir en nickel).

Le fer 60 s’est naturellement incorporé à la Terre au moment de sa formation. Comme la plupart des éléments. Or, on remarque dans les archives fossiles la présence de beaucoup de fer 60 il y a environ 2,6 millions d’années. Si ce fer 60 avait intégré la Terre lors de sa formation, il se serait depuis longtemps transformé en nickel. De ce fait, si on observe une forte concentration de fer 60 il y a 2,6 millions d’années, alors cela signifie que l’élément vient d’ailleurs.

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Une explosion de supernova. Crédits : Pixabay / WikiImages

Du fer 60 venu d’ailleurs

Les supernovae sont les seuls « événements » connus en mesure de créer du fer 60. En étant pragmatiques, nous sommes donc amenés à conclure que ce fer 60 enregistré il y a 2,6 millions d’années nous vient d’une supernova. Et effectivement, l’une d’elles, aujourd’hui placée à environ 160 années-lumière de la Terre pourrait en être à l’origine. En d’autres termes, le rayon d’action de cette supernova aurait pu atteindre notre planète, et donc modifier sa composition.

Mais ce n’est pas le fer 60 qui a tué les grands animaux marins. Celui-ci ne nous sert ici qu’à faire correspondre l’événement d’extinction avec l’explosion de l’étoile. Que s’est-il passé alors ? Pour Adrian Melott, de l’Université du Kansas (États-Unis) et principal auteur de cette étude, les responsables sont des particules sous-atomiques appelées muons, deux fois plus massives que les électrons.

Surdose de radiations

Beaucoup de ces particules nous traversent constamment de manière inoffensive. En revanche, suite à à l’explosion relativement proche d’une supernova, il y aurait eu des centaines de fois plus de muons que d’habitude. Les gros animaux, qui présentaient une surface de corps plus large que les autres, auraient alors été exposés à davantage de radiations.

« Leur nombre est si grand et leur énergie si élevée que vous obtenez un nombre accru de mutations et de cancers – ce sont là les principaux effets biologiques, explique le chercheur. Nous avons estimé que le taux de cancer augmenterait d’environ 50 % pour un être de la taille d’un être humain – et plus vous êtes gros, pire c’est. Pour un éléphant ou une baleine, la dose de rayonnement augmente considérablement ». Ceci expliquerait donc pourquoi les plus grands animaux évoluant en eaux peu profondes ont été touchés plus que les autres.

On pourrait, par exemple, penser au mégalodon, disparu précisément il y a 2,6 millions d’années. Nous savons aujourd’hui que l’animal n’avait pas pu s’adapter au refroidissement de la planète ressenti à cette époque. Ses proies – des baleines – ont en effet migré plus profondément dans l’eau pour ensuite se diriger vers le Nord. Ne pouvant pas suivre, et faute de proies, l’espèce se serait éteinte. À cette explication, nous pourrions donc rajouter celle des muons. Si l’on combine les deux théories, alors le plus gros requin de tous les temps n’avait finalement aucune chance.

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