Après dix années à travailler sur la communication entre les baleines, Michelle Fournet, professeure de biologie marine à l’Université du New Hampshire, a réussi à décrypter un son particulier, récurrent chez les cétacés.
La communication des baleines, un langage complexe
Les baleines utilisent un certain nombre de méthodes pour communiquer entre elles comme des vocalisations, des signaux visuels et autres comportements inhérents à leur espèce.
Des vocalisations sophistiquées
Les vocalisations des baleines comptent parmi les aspects les plus étudiés de leur communication. Certaines espèces comme les baleines à bosse, les baleines bleues et les cachalots, produisent des chants complexes qui peuvent se prolonger plusieurs heures durant. Ces vocalises semblent avoir des fonctions variées, notamment l’attraction sexuelle, la défense territoriale et la coordination de groupe.
En plus de leurs chants, les baleines produisent également des clics et des sifflements. Les cachalots, par exemple, émettent des clics pour localiser leurs proies dans les profondeurs de l’océan (le fameux phénomène d’écholocalisation). Les orques sont également connus pour leurs sifflements particuliers.
Une capacité à ajuster la fréquence et l’intensité
Les baleines peuvent ajuster la fréquence et l’intensité de leurs vocalisations pour communiquer à plusieurs distances et dans différents environnements. Ces ajustements leur permettraient ainsi de s’adapter aux conditions changeantes de l’océan.
Bien que les chercheurs aient réalisé de nombreux progrès dans le domaine de la compréhension et de la communication des baleines, il resterait encore beaucoup à apprendre sur le sujet. L’étude de la communication des baleines est également cruciale pour leur conservation, aidant à mieux comprendre leurs comportements et leurs besoins.
« Je suis là »
Après des années d’étude de sons, cris et autres gazouillis émis par les baleines, Michelle Fournet s’en rendue compte que les animaux émettent tous le même son à un moment donné, peu importe leur sexe ou leur âge. Selon la spécialiste, ce grondement particulier permettrait aux cétacés de signifier leur présence à la manière d’un « je suis là ! ».
L’experte en biologie marine a pu tester sa théorie en réalisant plusieurs expériences au sud de l’Alaska, dans un bras de mer où les baleines à bosse se rassemblent pour chasser. Après avoir diffusé plusieurs fois le son « whup » caractéristique, la spécialiste a ensuite capturé sur son hydrophone la réponse des baleines, faisant résonner le même son dans l’eau pour, potentiellement, signifier leur présence.
Traduire la langue des baleines
Encouragée par cette découverte, Michelle Fournet souhaite créer, grâce à l’intelligence artificielle (IA), son propre « whup » de synthèse pour tenter de dialoguer avec un groupe de baleines. C’est en étroite collaboration avec le collectif scientifique Earth Species Project que l’experte espère un jour décrypter le langage des cétacés et autres animaux, marins ou terrestres.
Les travaux de Michelle Fournet ouvrent une nouvelle ère dans la compréhension de la communication des baleines, révélant la complexité et la sophistication de leurs interactions vocales. Le décryptage du son « whup » représente une avancée majeure, offrant un aperçu unique de la manière dont ces géants des océans se signalent leur présence. Alors que la science continue de percer les mystères de ce langage cétacé, l’espoir de dialoguer un jour avec ces créatures intelligentes devient plus tangible. Cette recherche ne se contente pas d’enrichir notre connaissance des baleines, elle souligne également l’importance de la conservation et de la protection de ces espèces fascinantes, dont la voix pourrait un jour être pleinement comprise.