Une récente étude ravive le mythe des éléphants ivres

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Crédits : BDougherty / Pixabay

Une récente étude génétique suggère qu’il existe un club très restreint d’animaux capables de métaboliser rapidement l’alcool. Et les éléphants n’en font pas partie.

Les éléphants peuvent-ils se saouler ?

Peut-être avez-vous déjà eu vent de ces histoires d’éléphants africains complètement ivres après avoir consommé les fruits tombés des arbres malura, connus pour fermenter rapidement. De nombreuses personnes au cours de ces dernières décennies ont en effet apporté leur témoignage, relatant les comportements somnolents et les pertes d’équilibre de certains pachydermes après une consommation excessive de ces fruits.

Jusqu’au jour où, en 2005, une équipe de biologistes de l’Université de Bristol (Royaume-Uni) publie une étude suggérant qu’il était impossible pour ces grands mammifères de consommer suffisamment de fruits fermentés pour atteindre un état d’ébriété.

Pour les chercheurs, les anecdotes rapportées dans plusieurs villages étaient vraisemblablement des cas d’anthropomorphisme (caractéristiques humaines projetées sur les animaux). Mais était-ce vraiment le cas ? Une étude réouvre le débat.

Sélection naturelle

Au cours de ces travaux, des généticiens ont cherché à savoir quels animaux étaient les mieux armés pour métaboliser l’alcool.

Le gène ADH7, présent chez de nombreuses espèces animales, est connu pour produire une enzyme capable de le faire. Dans le cadre de ces recherches, les biologistes se sont concentrés sur une mutation de ce gène qui améliore 40 fois son efficacité, analysant sa présence (ou non) chez 85 mammifères.

Il est ressorti de cette étude que les humains présentent cette mutation. Les chercheurs suggèrent que cette évolution s’est produite il y a environ 10 millions d’années, époque durant laquelle certains de nos ancêtres ont commencé à descendre des arbres, et donc à consommer davantage de fruits fermentés tombés au sol.

Cette mutation aurait été nécessaire, expliquent-ils, afin de pouvoir manger plus de fruits tout en limitant les effets nocifs de l’alcool qui nous auraient rendu plus vulnérables face aux prédateurs.

Les mammifères partageant une lignée commune avec la nôtre, notamment les gorilles, les bonobos et les chimpanzés, présentent également cette version mutée d’ADH7. Tout comme les chauves-souris frugivores qui, autrement, auraient beaucoup plus de mal à se déplacer en vol après avoir profité d’un bon repas.

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Un groupe de bonobos photographiés au Congo. Comme les humains, ces primates sont capables de métaboliser rapidement l’alcool. Crédits : tsauquet/Pixabay

Curieusement, la mutation a également été identifiée chez les koalas. Celle-ci pourrait permettre à ces animaux d’éliminer les toxines présentes dans les feuilles d’eucalyptus, proposent les chercheurs.

En revanche, les mammifères dont le régime alimentaire manque généralement de fruits ou de nectar, tels que les vaches, les chevaux et les éléphants, ne présentent pas cette mutation du gène ADH7.

Autrement dit, ces anecdotes relatant les comportements d’éléphants ivres, jugées très exagérées il y a quelques années, ne seraient finalement pas si surprenantes. Cette étude ne prouve pas que ces histoires sont vraies, mais que cela pourrait être possible. La question doit donc rester ouverte.

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