Les données récemment fournies par le service européen Copernicus permettent d’apprécier l’ampleur exceptionnelle des incendies qui ont affecté le cercle arctique et l’est de la Russie cet été. Sans grande surprise, les émissions de CO2 associées ont atteint de nouveaux records.
244 millions de tonnes. C’est la quantité de dioxyde de carbone (CO2) libérée par les incendies survenus au-delà du cercle arctique (66 °N) entre le 1 janvier et le 31 août 2020. Il s’agit d’une valeur nettement supérieure à celle mesurée sur l’entièreté de l’année 2019 – établie à 181 millions de tonnes. Le record de l’année passée est donc d’ores-et-déjà battu.
La Sibérie orientale particulièrement touchée
Le secteur le plus touché par les feux a sans conteste été celui de la République de Sakha, sujet fédéral de Russie situé dans le nord-est de la Sibérie. Avec une partie dominante localisée en dehors du cercle arctique, cette région a émis à elle seule 395 millions de tonnes de CO2. Et ce, contre 208 millions en 2019. Au total, l’est de la Russie comptabilise un déstockage de près de 550 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Là aussi, l’ancien record – daté de 2003 – a été battu.
Ces chiffres sont peu surprenants quand on sait le nombre de fois où les incendies arctiques et/ou sibériens ont fait l’actualité au cours de cet été. Selon les scientifiques, une fraction des foyers serait le résultat d’incendies zombies. Plus précisément, de feux latents subsistant sous la surface lors de la saison froide et resurgissant l’été suivant. La présence d’une météo anormalement chaude et sèche aura ensuite constitué un terreau favorable à leur généralisation brutale.
Incendies et réchauffement climatique : un renforcement mutuel
Dans leur aspect contextuel, on peut dire que ces incendies sont favorisés par le réchauffement climatique et qu’ils favorisent également ce dernier en retour. Une forme de cercle vicieux. En effet, on a évoqué plus haut les émissions de CO2 – un gaz à effet de serre signifiant – qui leur sont associées. Ainsi, les incendies n’ont pas seulement des impacts sur les populations et l’environnement de proximité. Ils sont réellement en interaction étroite avec le climat global.
De plus, les particules de fumées libérées par les brasiers se dispersent sur des milliers de kilomètres. Pour les feux situés à des latitudes élevées, elles peuvent facilement retomber sur la banquise et l’assombrir. Le cas échéant, la glace aura alors plus de mal à réfléchir le rayonnement solaire et le processus de fonte saisonnière en sera accéléré. Un mécanisme qui a probablement participé au retrait majeur observé cet été. Le minimum annuel de banquise devrait en effet finir à la seconde place des plus bas, juste derrière l’extrême de 2012.
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