Une ONG veut utiliser du « sable vert » pour capturer des milliards de tonnes de dioxyde de carbone !

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Crédits : Pyrope / Wikipedia

Une ONG désire utiliser du « sable vert » pour capturer une grande quantité de CO2. Il s’agit ici d’un précieux minéral de couleur verte : l’olivine. L’idée est d’en répandre sur le sable des plages afin de capter le dioxyde de carbone.

Un procédé très intéressant

L’olivine est un minéral du groupe des silicates. Abondante dans certaines parties du globe comme Hawaï ou encore La Réunion, l’olivine est utilisée comme pierre fine en joaillerie. Un article publié dans le MIT Technology Review le 22 juin 2020 évoque l’ONG étasunienne Project Vesta. Fondée en 2019, cette dernière a pour ambition de capturer toutes les émissions humaines annuelles de CO2 ! Selon l’organisation, cet objectif pourrait être atteint en recouvrant d’olivine seulement 2 % des plages du monde.

Un procédé étonnant de géo-ingénierie sera mis en Å“uvre, à savoir l’altération forcée. Il s’agit d’un processus naturel par lequel le CO2 présent dans l’atmosphère se retrouve stocké par les organismes marins sous forme de calcaire. Ainsi, l’olivine, riche en silice et en magnésium, est transformée en poudre par l’action des vagues. Ensuite, l’eau et le CO2 la dégradent en silicates et en ions carbonates.

Enfin, les carbonates deviennent calcium dans les coquilles et squelettes des mollusques, ou encore dans les coraux. Lorsque ceux-ci meurent, le CO2 se retrouve stocké de manière définitive au fond des océans.

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Crédits : James St. John / Flickr

Quelques difficultés à l’horizon

L’ONG Project Vesta estime qu’une tonne d’olivine peut absorber jusqu’à 1,25 tonne de CO2. Par ailleurs, les composés produits sont alcalins, ce qui permet une réduction de l’acidification des océans. Or, il s’agit d’une des conséquences malheureuses du dérèglement climatique.

Par ailleurs, il faut savoir que l’altération forcée avait été conceptualisée dans une étude parue dans Nature en 1990. Le chercheur suisse W. Seifritz proposait déjà d’utiliser des silicates pour capturer le CO2. Par la suite, d’autres études ont vu le jour, avec des chiffres et des conclusions plus ou moins intéressantes. En revanche, jamais ce procédé n’a été réellement mis en Å“uvre jusqu’à aujourd’hui.

Si l’altération forcée semble très simple en théorie, sa réalisation se heurte tout de même à quelques difficultés. Premièrement, l’olivine est piégée dans d’autres roches, si bien qu’il faut l’extraire. Toutefois, la bonne nouvelle est que le minerai est abondant sur Terre et est extrait à des quantités similaires à celle du charbon. Néanmoins, le processus porté par Project Vesta incombe d’acheminer l’olivine sur les plages et attendre que celle-ci se transforme en poudre. Or, il est potentiellement question d’une attente s’étalant sur de longues années.

Enfin, si la dégradation de l’olivine permet la captation du CO2 et la réduction de l’acidification des océans, il existe un effet pervers. En effet, la dissolution d’une grande quantité de matériaux – notamment de silice – pourrait impacter les écosystèmes. Il peut être par exemple question d’une prolifération de phytoplancton à l’origine de zones d’anoxie, c’est-a-dire dépourvues d’oxygène. Il faudrait donc en savoir davantage à propos de ces risques avant d’éventuellement mettre en application ce projet.