Une récente étude propose une nouvelle explication à la disparition de Néandertal. Notre ancien cousin aurait souffert d’une légère baisse de son taux de fertilité.
Néandertal passionne. Parce qu’il était un proche cousin, d’une part. Et parce que malgré l’image d’un personnage brut et grossier, nous savons désormais que cet hominidé avait en fait de nombreux points communs avec Homo Sapiens. Malgré tout, nous savons que Néandertal a disparu il y a environ 40 000 ans. Et depuis de nombreuses années, beaucoup d’hypothèses sont avancées pour tenter d’expliquer cette extinction, comme la concurrence accrue avec notre espèce. Mais était-ce vraiment le cas ? Plus récemment, une autre explication est venue s’ajouter à la liste. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Plos One.
«La disparition de la population de Néandertal est un sujet passionnant. Imaginez un groupe humain qui vit depuis des milliers d’années et qui est très bien adapté à son environnement, puis qui disparaît, explique Silvana Condemi, paléoanthropologue à l’Université d’Aix-Marseille. Pendant longtemps, on a pensé qu’Homo sapiens avait simplement tué les Néandertaliens. Aujourd’hui, grâce à la génétique, nous savons que les rencontres entre Néandertaliens et sapiens n’ont pas toujours été aussi cruelles, et que des métissages ont eu lieu. Nous avons même aujourd’hui, en nous, des gènes d’origine néandertalienne».
Baisse du taux de fécondité
Pour expliquer la disparition de Néandertal, les chercheurs ont ici créé des modèles informatiques explorant la façon dont les populations de nos cousins pourraient disparaître avec le temps. Plusieurs facteurs ont été testés, tels que la guerre, les épidémies ou encore la baisse des taux de fertilité.
«Très rapidement, nous avons trouvé quelque chose d’inattendu, note la chercheuse. Cette disparition, qui s’est produite sur une très longue période, ne peut s’expliquer par un événement catastrophique. Des modèles informatiques reposant sur l’hypothèse selon laquelle des humains modernes ont tué des Néandertaliens par le biais de guerres ou d’épidémies ont montré que ces facteurs auraient conduit les Néandertaliens à l’extinction bien plus rapidement que les 4 000 à 10 000 années des archives archéologiques au cours desquelles l’Homme moderne et les Néandertaliens ont coexisté en Europe».
Les chercheurs ont en revanche découvert que l’extinction de Néandertal – si elle s’est opérée sur environ 10 000 ans – pourrait s’expliquer avec une baisse de 2,7% des taux de fécondité des jeunes femmes néandertaliennes (moins de 20 ans). «C’est un phénomène de portée limitée, certes, mais qui, au fil du temps, aurait eu un énorme impact», note la chercheuse.
Le climat responsable ?
Quant à savoir pourquoi ce taux de fécondité aurait été réduit, Silvana Condem avance l’hypothèse des fluctuations climatiques. Les Néandertaliens ont en effet disparu à une époque ou le climat, très instable, pourrait avoir compliqué l’accès à la nourriture. Ce qui à son tour, pourrait avoir réduit le nombre de calories ingérées par les jeunes mères en devenir, ce qui aurait pu être préjudiciable pour le maintien de la grossesse. Ceci, note la chercheuse, «pourrait expliquer une réduction de la fertilité».
Des études antérieures ont en effet déjà suggéré que contrairement à Homo Sapiens, qui diversifiait ses sources de nourriture, Néandertal semblait se concentrer uniquement sur la consommation de viande. Il chassait donc exclusivement les gros herbivores. Le problème, c’est qu’il y a entre 44 000 et 40 000 ans en Europe, les températures semblaient très froides à certaines périodes, avant de remonter soudainement. Les grands herbivores ayant alors du mal à se nourrir, Néandertal n’aurait alors tout simplement pas pu suivre non plus.
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