Une nouvelle hypothèse tente d’expliquer le déplacement des pierres de Stonehenge

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Une récente étude suggère que de la graisse de porc aurait été utilisée pour faciliter le déplacement des énormes pierres de Stonehenge.

Il y a quelques années, des archéologues identifiaient des résidus de graisse sur des fragments de poterie découverts à Durrington Walls, près de Stonehenge. Dès lors, on a longtemps supposé que ces traces de saindoux – une forme de graisse animale – témoignaient d’anciens banquets tenus il y a environ 5 000 ans sur le site en construction. Et si cette graisse avait eu une autre utilité ? C’est la question soulevée par Lisa-Marie Shillito, de l’Université de Newcastle (Royaume-Uni).

Du saindoux pour faire glisser les pierres

L’archéologue ne s’appuie pas sur de nouvelles analyses. Elle souligne en revanche que ces fragments de poteries retrouvées provenaient de plats de la taille – et en forme – de seaux. Autrement dit, il ne s’agissait ni de plats de cuisson ni d’assiettes. Partant de ce constat, on imagine alors que ces contenants pouvaient être utilisés pour la collecte et le stockage du saindoux (graisse de porc fondue).

« Je m’intéressais au niveau exceptionnel de conservation et aux grandes quantités de lipides – ou résidus de graisse – que nous avons récupérées des poteries, explique la chercheuse. Je souhaitais en savoir davantage sur le fait que nous ayons des quantités aussi élevées de graisse de porc dans ces poteries, alors que les ossements d’animaux qui ont été excavés sur le site montrent que beaucoup de porcs ont été « grillés à la broche » plutôt que hachés comme on pourrait s’y attendre s’ils étaient cuits dans des pots ».

L’archéologue nous invite alors à voir le problème sous un autre angle. Nous savons aujourd’hui que les pierres utilisées pour construire Stonehenge ne proviennent pas du site. Certaines, dont la plus grande et la plus lourde (plus de 30 tonnes) ont été acheminées depuis un autre lieu situé à environ 28 kilomètres. D’autres, les « pierres bleues », proviennent de carrières situées encore plus loin. À environ 160 km de là.

Pour transporter de telles pierres, il a donc fallu les faire rouler sur des rondins, ou les faire glisser sur des traîneaux. C’est là que la graisse de porc entre en jeu. Il ne fait aucun doute que des litres de saindoux n’auraient pas été de trop pour faciliter leur transport.

Coucher de soleil à Stonehenge. Crédits : simonwakefield / Wikipédia

Attention aux interprétations

« Il reste encore de nombreuses questions sans réponse concernant la construction de Stonehenge, note la chercheuse. Jusqu’à présent, il y avait une hypothèse générale selon laquelle les traces de graisse animale absorbées par ces poteries étaient liées à la cuisson et à la consommation d’aliments. C’est l’explication la plus évidente, mais les choses sont parfois un peu plus complexes, dit-elle. Il est important de ne pas s’en tenir à l’évidence mais d’envisager d’autres possibilités. Dans ce cas, il pourrait s’agir d’un « double objectif  » : cuire les aliments, mais aussi transporter la graisse (pour faciliter le transport des pierres) ».

Rappelons également cette étude, publiée il y a quelques semaines, nous révélant qu’on venait à l’époque de loin pour assister aux banquets de Stonehenge. Les analyses de restes de cochons découverts sur les lieux suggèrent en effet que tous ces animaux avaient été élevés soit en Écosse, soit au nord-est de l’Angleterre, soit à l’ouest du Pays de Galles. Autrement dit, à des centaines de kilomètres.

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