Une nouvelle espèce de poulpes a été découverte en eaux profondes

Crédits : Phil Torres and Geoff Wheat

Nous en savons plus sur la surface de la Lune que sur l’océan. Le fond marin est un paysage extraterrestre aux pressions écrasantes. Il abrite également des animaux bizarres que les scientifiques commencent à peine à connaître. En témoigne la découverte il y a quelques jours d’une nouvelle espèce de poulpe évoluant où elle ne devrait normalement pas pouvoir survivre.

Au large de la côte du Costa Rica et à environ 3 kilomètres sous la surface de l’océan, des chercheurs ont découvert des dizaines de poulpes jamais vus auparavant. Non seulement cette concentration de céphalopodes représente une espèce entièrement nouvelle – ce qui est une nouvelle excitante en soi – mais leur nombre et leur emplacement inhabituel font que les chercheurs s’interrogent sur ce que nous pensions savoir à propos de ces étranges créatures marines. « Quand j’ai vu les photos pour la première fois, je me suis dit : ils ne devraient pas être là, pas si profond et pas si nombreux ! », Explique Janet Voight, zoologiste au Field Museum de Chicago et co-auteure de l’étude publiée dans la revue Deep Sea Research.

Les chercheurs expliquent avoir utilisé des véhicules sous-marins dans le but d’explorer l’affleurement Dorado, une zone rocheuse formée de lave refroidie et durcie provenant d’un volcan sous-marin. Ils ne comptaient absolument pas trouver en ces lieux des douzaines de pieuvres blotties les unes contre les autres.

Ces dernières sont une espèce inconnue du genre Muusoctopus – des créatures roses, de la taille d’une assiette avec des yeux énormes. Une centaine d’entre elles ont été découvertes sur cet affleurement, ce qui reste étonnant pour des animaux normalement solitaires. Chose étrange également : presque toutes les pieuvres semblaient être des femelles, chacune gardant une couvée d’œufs. Cette pépinière était également située à côté des fluides chauds issus des fissures de l’affleurement.

Crédits : Phil Torres and Geoff Wheat

« Ces observations surprenantes nous montrent comment un animal des profondeurs se reproduit », explique Barbara Ransom, directrice de programme à la Division des sciences de la mer de la National Science Foundation (États-Unis), qui a financé la recherche. « La découverte a été fortuite : les chercheurs ont vu quelque chose d’inhabituel et se sont arrêtés pour découvrir ce que c’était. Des découvertes inattendues comme celle-ci peuvent changer radicalement notre compréhension du fonctionnement des océans ».

Les poulpes de haute mer vivent habituellement dans les eaux froides. L’exposition à des températures plus élevées accélère leur métabolisme, ce qui nécessite plus d’oxygène que ce que l’eau chaude peut fournir. Il n’est donc pas logique que les poulpes des profondeurs amènent leurs œufs dans de l’eau chaude. Les pieuvres observées par les scientifiques ont d’ailleurs montré des signes de stress sévère. Les chercheurs ont également deviné que les 186 œufs qui étaient attachés aux roches étaient confrontés aux mêmes défis. Aucun n’avait de signe d’embryon en développement.

Cependant, le grand nombre de pieuvres laisse deviner qu’il y a un meilleur habitat à proximité. L’équipe soupçonne qu’il doit y avoir plus de poulpes vivant à l’intérieur des crevasses, où l’eau est fraîche et riche en oxygène. Ces crevasses pourraient être un environnement si prisé que la population de poulpes serait ici en plein essor, obligeant certains individus à déborder sur la région dangereusement chaude à l’extérieur. Les chercheurs ont d’ailleurs observé des tentacules de poulpes émergeant des fissures de la roche, suggérant effectivement la présence d’une plus grande population.

Source