Une licorne dans les forĂȘts de SlovĂ©nie ?

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Quelle surprise dans les forĂȘts slovĂšnes ! Un chevreuil Ă  UN bois a Ă©tĂ© dĂ©couvert par un chasseur en pleine chasse estivale ! Hybridation fantastique ou anomalie biologique ? Au risque d’en dĂ©cevoir plus d’un, il semblerait que l’explication Ă  l’origine de ce cas Ă©trange soit tout Ă  fait rationnelle.

Non, vous ne rĂȘvez pas. Un chevreuil europĂ©en mĂąle (Capreolus capreolus) possĂ©dant un seul bois plantĂ© au beau milieu du front a Ă©tĂ© dĂ©couvert par un chasseur dans les forĂȘts de Celje en SlovĂ©nie. Cet animal semblant tout droit sorti d’un conte de fĂ©e est bien vivant. Du moins, il l’a Ă©tĂ©. Le scientifique BoĆĄtjan Pokorny qui s’est empressĂ© de vĂ©rifier l’authenticitĂ© de l’animal, assure ne jamais avoir vu un cas pareil dans la nature.

Une malformation rare survenue au stade juvénile

Selon B. Pokorny, directeur assistant de l’institut de recherche Ă©cologique ERICo Velenje, il semblerait que cette anomalie ne soit qu’une simple, mais trĂšs rare malformation survenue lors de la poussĂ©e des premiers bois de ce chevreuil, alors tout jeune faon.

« Chez cette espĂšce, seuls les mĂąles portent des bois,  explique B. Pokorny dans un e-mail Ă  National Geographic. Ces derniers poussent de façon bilatĂ©rale et gĂ©nĂ©ralement symĂ©trique Ă  partir d’extensions osseuses du crĂąne appelĂ©es pivots. Cependant chez ce mĂąle peu ordinaire, les deux pivots, censĂ©s ĂȘtre indĂ©pendants Ă  l’origine, ont fusionnĂ© et ont poussĂ© ensemble, n’en formant qu’un seul plutĂŽt large.»

Des bois trĂšs sensibles aux blessures

Contrairement aux cornes, les bois des cervidĂ©s sont intĂ©gralement constituĂ©s de tissu osseux traversĂ© par de trĂšs nombreux vaisseaux sanguins. Au cours de leur croissance, ils sont recouverts d’une fine couche protectrice d’aspect doux appelĂ© le velours. Ce dernier se dessĂšche et tombe lorsque la croissance osseuse est achevĂ©e. Entre temps, les prĂ©-bois sont extrĂȘmement fragiles et sensibles aux blessures. L’attaque d’un congĂ©nĂšre ou l’accrochage avec un vĂ©hicule sont les hypothĂšses les plus probables quant Ă  l’origine de la malformation de ce chevreuil monobois.

Un chasseur sachant chasser le chevreuil

Le chevreuil Ă©tant l’espĂšce la plus abondante et la plus rĂ©pandue de SlovĂ©nie, des rĂ©glementations concernant la chasse de ce cervidĂ© ont Ă©tĂ© instaurĂ©es par le gouvernement. Le chasseur, ayant abattu la «licorne slovĂšne» (comme on l’appelle) pour son Ăąge avancĂ©, avoue s’ĂȘtre aperçu que le chevreuil ne possĂ©dait qu’un bois sur les deux, mais cela ne l’a pas interpellĂ© outre mesure. En effet, ce phĂ©nomĂšne est plutĂŽt courant chez les cervidĂ©s : les bois sont dits caducs, car ils tombent une fois par an puis repoussent ensuite. En outre, selon B. Pokorny, il Ă©tait impossible pour le chasseur de savoir avec la distance si ce mĂąle possĂ©dait une malformation ou si l’un de ses bois Ă©tait tombĂ©. Quoi qu’il en soit, d’aprĂšs l’ñge du chevreuil, il semblerait que son handicap ne l’ait pas du tout empĂȘchĂ© de se dĂ©brouiller dans la nature.

De la magie chez les cervidés ?

MĂȘme si le mythe de la licorne slovĂšne vient d’ĂȘtre mis Ă  jour, il reste nĂ©anmoins un peu de magie dans cette histoire : la calcification des bois des cervidĂ©s, c’est-Ă -dire la formation du tissu osseux, serait la plus rapide connue de tous les mammifĂšres ! Impressionnant, n’est-ce pas ?

Par Paméla VALADOUX

Sources : Dailymail – Mail Online, National Geographic