Une large part du CO2 rejeté par les activités humaines continue d’être « épongée » par l’océan

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Selon les travaux d’une équipe internationale de chercheurs, l’océan mondial continue d’éponger une part importante du CO2 rejeté dans l’atmosphère par les activités humaines. Une fraction – environ 1/3 – qui a peu évolué au cours des deux derniers siècles. Pour l’instant, il n’apparaît donc pas de signe d’un éventuel affaiblissement de ce puits. Une quantité croissante du dioxyde de carbone se voit ainsi dissoute dans l’eau de mer, ce qui provoque son acidification. 

L’augmentation de la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) – due pour une large part à la combustion d’énergies fossiles – se produit à un rythme effréné. Toutefois, seule la moitié du CO2 rejeté participe à alimenter le stock atmosphérique. L’autre moitié est capturée par la végétation et l’océan. Sans ces deux puits de carbone, la modification de la composition gazeuse de l’air et le changement climatique qui en résulte seraient encore plus dramatiques qu’ils ne le sont déjà.

Un point important à souligner ici est que ces puits ne sont pas des acquis. Avec le temps et l’aggravation des modifications environnementales, ils peuvent diminuer en efficacité, voire – dans le pire des cas – devenir eux-mêmes des sources de CO2 pour l’atmosphère. La variabilité naturelle peut également contribuer à les renforcer ou les affaiblir d’une décennie à l’autre. De ce fait, le suivi de leur évolution est un enjeu majeur en sciences du climat. Cependant, la quantification de la contribution de chaque composante sur une période donnée n’est pas une tâche facile. En particulier pour la végétation, souvent calculée comme un terme résiduel.

Un puits océanique encore intact

Une nouvelle étude publiée le 15 mars 2019 dans la revue Science a fourni une estimation de la quantité de CO2 anthropique absorbée par l’océan entre 1994 et 2007. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion suivante. Sur les 13 années couvertes par l’étude, 34 milliards de tonnes de carbone d’origine anthropique ont été capturées. Dit autrement, 31 % de nos émissions ont terminé dans l’océan. La marge d’erreur étant de ±4 %.

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Les résultats obtenus révèlent-ils une éventuelle diminution de l’efficacité du puits océanique ? À l’évidence, non. « Au cours de la période examinée, l’océan global a continué d’absorber le CO2 anthropique à un taux proportionnel à l’augmentation du CO2 atmosphérique », indique Nicolas Gruber, auteur principal du papier. Un taux qui paraît plutôt stable sur les 2 derniers siècles.

Puisque la concentration de dioxyde de carbone dans l’air est de plus en plus importante, ce taux quasi-constant signifie qu’une quantité grandissante de carbone diffuse vers l’océan. À titre de comparaison, des travaux précédents ont évalué la capture entre 1800 et 1994 à 118 milliards de tonnes de carbone.

Variabilité régionale et acidification des eaux

Notons toutefois que régionalement, des changements significatifs se sont produits. Par exemple, la capture dans le nord de l’océan Atlantique s’est réduite – d’environ 20 % – tandis qu’elle a augmenté dans le sud du bassin. « Cela est probablement dû au ralentissement de la circulation océanique méridionale dans l’Atlantique Nord à la fin des années 1990, qui est elle-même une conséquence probable de la variabilité climatique », précise Nicolas Gruber.

Néanmoins, il ne faut pas oublier que lorsque le CO2 se dissout dans l’eau de mer, il l’acidifie. Les mesures du pH (Potentiel Hydrogène) à divers endroits du globe en témoignent. « Nos données ont montré que l’acidification s’étend profondément à l’intérieur de l’océan, jusqu’à une profondeur de plus de 3000 mètres », s’inquiète l’auteur principal. L’apparente bonne nouvelle de l’absorption du CO2 par l’océan offre ainsi un tout autre visage. Celui de la dégradation sournoise de la vie marine dont nous dépendons nous-mêmes.

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