Des chercheurs attirent l’attention sur le rôle de la circulation atmosphérique, et donc des vents, dans la fonte de la calotte du Groenland. Depuis 1990, ces derniers seraient en effet responsables de la moitié du réchauffement de surface et de la perte de masse associée. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications le 14 novembre dernier.
Depuis 2002, la calotte du Groenland a en moyenne perdu 273 milliards de tonnes de glace par an et cette perte s’accélère à mesure que la planète continue à se réchauffer sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre (GES) par les activités humaines. À ce titre, on estime que le Groenland contribue actuellement à hauteur de 20 % à la remontée du niveau moyen des mers.
Le rôle des vents dans la fonte de la calotte du Groenland
Dans une nouvelle étude, des chercheurs dressent une image plus subtile de la fonte de l’inlandsis. Ils montrent que l’accélération de la perte de masse survenue depuis 1990 n’est pas uniquement le résultat du réchauffement dû aux émissions de GES mais aussi d’un changement dans le régime de vent régional.
La récurrence de circulations anticycloniques au-dessus de la calotte a en effet accéléré le dégel. Selon les scientifiques, l’origine de ce changement réside dans les températures de surface de la mer du Pacifique tropical. Un mode de variabilité naturelle multi-décennale, la PDO, aurait généré un train d’ondes de grande échelle, le Groenland étant positionné sous la partie anticyclonique.
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont recoupé des modélisations numériques avec divers jeux de données, à la fois satellitaires et paléoclimatiques, afin d’évaluer les fluctuations régionales de circulation survenues au cours des quatre derniers siècles et d’en identifier les causes.

Une prise en compte nécessaire pour des projections réalistes
En mettant en exergue l’influence de la circulation atmosphérique sur le rythme de fonte de la calotte, l’étude permet de mieux comprendre pourquoi la perte de masse semble être plus rapide que ce que prévoient les modèles de climat en réponse aux émissions de GES. En effet, ces derniers ne restituent pas les changements de circulation observés. Ils n’ont toutefois pas vocation à le faire puisque la variabilité naturelle survient de façon plus ou moins chaotique.
Sur la période d’étude, la perte de masse de la calotte est ainsi près de deux fois plus élevée que prévu. Notons cependant que la question de savoir si le changement climatique pourrait perturber de façon chronique les vents régionaux et si les modèles seraient en mesure de représenter correctement ce processus reste ouverte. Une chose est certaine : le régime de vents a joué un rôle clé dans le désaccord entre les modèles et les observations sur les dernières décennies.