Une injection d’hormones aide les souris éméchées à dégriser

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Crédit : Ralphs_Fotos

Oubliez les astuces de grands-mères, le seul moyen actuellement connu de se débarrasser d’une gueule de bois est d’attendre. En effet, seul le temps permettra à votre organisme de se débarrasser de l’éthanol consommé. Cependant, des scientifiques sont peut-être sur une piste prometteuse. Tout se résume à une hormone présente dans le foie. Selon une étude publiée dans la revue Cell Metabolism, une injection de cette hormone aiderait effectivement les souris à se remettre plus facilement des symptômes induits par la consommation d’alcool.

FGF21 et éthanol

Les sucres simples contenus dans les fruits et les nectars sont une source riche de calories pour de nombreuses espèces animales. Cependant, la fermentation naturelle de ces sucres produit de l’éthanol. Or, nous savons que sa consommation peut provoquer une intoxication altérant la mobilité et le jugement.

Au fil du temps, les animaux qui consomment du fructose et d’autres sucres simples ont développé des enzymes hépatiques en conséquence dans le but de cataboliser l’éthanol. D’ailleurs, nous savons que de nombreux herbivores et carnivores stricts qui ne sont pas exposés à l’éthanol semblent avoir perdu la capacité de le cataboliser, ce qui vient souligner l’importance de l’éthanol en tant que moteur de l’évolution.

Cela étant dit, FGF21 est une hormone induite dans le foie par divers stress métaboliques, notamment la famine, la carence en protéines, les sucres simples et l’éthanol.

Chez l’Homme, l’éthanol est de loin le plus puissant inducteur de FGF21 décrit à ce jour. Des études antérieures ont par ailleurs montré que cette hormone régule la consommation d’alcool et incite à boire de l’eau pour prévenir la déshydratation. Nous savons aussi qu’elle protège contre les lésions hépatiques induites par l’alcool. Ainsi, le FGF21 joue un rôle important dans la défense contre les conséquences néfastes de l’exposition à l’éthanol.

Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs de l’Université du Texas Southwestern Medical Center ont exploité le « pouvoir » de cette hormone pour tenter de maximiser encore davantage ses effets sur l’alcool. Pour ce faire, ils ont donné à des souris dont le foie avait procuré des quantités normales de FGF21 une dose d’éthanol provoquant un état d’ébriété. Ils ont ensuite injecté davantage de cette hormone dans le foie de ces animaux.

Résultat : les hormones ajoutées ont bel et bien aidé les souris à retrouver leur coordination plus rapidement. Ces dernières auraient également mis deux fois moins de temps à se réveiller que les souris qui n’avaient pas reçu la dose supplémentaire.

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Le FGF21 neutralise l’intoxication alcoolique en activant le système nerveux noradrénergique. Crédits : Métabolisme cellulaire/Choi et al.

Une relation foie-cerveau

« Nous avons découvert que le foie n’est pas seulement impliqué dans le métabolisme de l’alcool; il envoie également un signal hormonal au cerveau pour le protéger contre les effets nocifs de l’intoxication, notamment la perte de conscience et de coordination« , précise Steven Kliewer, principal auteur de l’étude. « Nous avons en outre montré qu’en augmentant encore plus les concentrations de FGF21 par injection, nous pouvions accélérer considérablement la récupération après une intoxication ».

Sur ce dernier point, les auteurs ont découvert que FGF21 agissait sur les neurones d’une région du cerveau appelée locus coeruleus chez la souris. Or, cette région produit un neurotransmetteur appelé noradrénaline qui contrôle la vigilance et sort le corps du sommeil.

Pour les humains, la consommation d’alcool augmente la quantité de noradrénaline produite par le cerveau. Selon l’étude, il est donc possible que FGF21 soit à l’origine de cette augmentation. D’autres recherches pourraient montrer que l’administration de cette hormone chez l’Homme pourrait également aider les personnes ivres à dégriser.

Étonnamment, FGF21 n’aurait pas contrecarré la sédation causée par la kétamine, le Diazépam ou le Pentobarbital, ce qui suggère que l’hormone cible spécifiquement l’éthanol.