Une « île » de plastique repérée au large de la Corse

Corse
Crédits : aroundtheworld.photography / iStock

Une équipe de chercheurs annonce avoir repéré une « île » flottante de déchets plastique entre la Corse et l’île italienne d’Elbe. Elle serait longue de plusieurs dizaines de kilomètres.

Une « île de plastique » de plusieurs dizaines de kilomètres de large s’est récemment formée à la faveur des courants au large de la Corse, vient de rapporter l’AFP. La situation n’est pas nouvelle. Elle est même récurrente. Fort « heureusement », et contrairement aux grandes îles composées des mêmes déchets observées dans les océans Atlantique et Pacifique, celle-ci n’est que temporaire. L’événement ne devrait persister que quelques jours, mais il doit nous rappeler l’urgence de nous détacher le plus possible du plastique.

« C’est une situation chronique, explique François Galgani, de la branche corse de la recherche maritime française l’institut IFREMER. Les courants dans le nord-ouest de la Méditerranée sont organisés de telle sorte que l’eau monte le long de la côte italienne et lorsqu’elle arrive à la base de l’île d’Elbe – de l’archipel toscan – elle ne peut pas passer et se précipitera alors via un canal. C’est pourquoi nous avons des densités plus élevées à cet endroit, dit-il. Et c’est aussi pourquoi, lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, par exemple le vent de nord-est en été, nous avons des arrivées massives de plastique sur la côte corse ».

Des déchets non recyclables

Le problème, c’est que ces déchets n’ont aucune valeur, note le biologiste et océanographe François Galgani. Autrement dit, il y a de fortes chances pour qu’aucun moyen ne soit mis en œuvre pour les récupérer. « Pour nettoyer, il faut qu’il y ait une certaine valeur à ce que l’on va récupérer, dit-il. Si vous allez chercher des filets de pêche sur les fonds, ce sont des objets qui coûtent très très cher, qu’on peut réparer, qu’on peut réutiliser et donc recycler. En mer, le problème c’est que les déchets qui flottent ne sont pas recyclables. Il sont très dégradés, ce sont des matériaux très hétérogènes, il y a différents types de plastiques et donc ça coûte très très très très cher de recycler. Donc ça ne se fera pas ».

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La pollution plastique, un véritable fléau pour les océans. Crédits : Flickr

Pour faire du plastique, les fabricants ajoutent en effet aux monomères différents produits chimiques. La matière devient ainsi plus résistante ou plus souple, par exemple. Vous façonnez le produit que vous souhaitez. Le problème, c’est que ces substances chimiques sont très difficiles à éliminer pendant le processus de recyclage. C’est pourquoi on ne peut en général recycler un produit plastique qu’une seule fois. Et encore, la qualité du produit fini sera altérée. En ce sens, deux solutions s’imposent : soit on se détache du plastique, soit on invente un moyen de le recycler à l’infini.

En ce sens, un nouveau processus a récemment été détaillé dans la revue Nature. Il s’appuie sur l’ajout d’un acide permettant de séparer les additifs chimiques des monomères. Une fois la décomposition moléculaire opérée, il serait possible de créer un nouveau plastique tout en garantissant la même intégrité que le produit original. D’autres études sont nécessaires pour peaufiner la technique, mais il pourrait s’agir d’un véritable pas en avant.

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