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Crédits : Rasi Bhadramani/istock

Une IA trouve trois spermatozoïdes dans un échantillon déclaré stérile – une femme tombe enceinte après 18 ans

Après 18 ans de traitements infructueux, un couple est aujourd’hui en passe de devenir parent grâce à une intelligence artificielle (IA) qui a réussi là où des années de médecine avaient échoué : détecter trois spermatozoïdes dans un échantillon déclaré stérile. Une prouesse technologique qui redéfinit les frontières de la fertilité masculine.

Une absence presque totale… et pourtant

Parmi les causes les plus déconcertantes d’infertilité masculine figure l’azoospermie, une condition qui touche environ 10 % des hommes infertiles. Elle se définit par l’absence apparente de spermatozoïdes dans l’éjaculat, même après analyse microscopique minutieuse. Dans la plupart des cas, cela condamne les couples à recourir à des solutions invasives (comme la biopsie testiculaire), ou à abandonner l’idée d’un enfant biologique.

C’est précisément le cas d’un couple, dont les identités ont été protégées pour des raisons de confidentialité, qui a lutté pendant près de deux décennies contre cette infertilité inexpliquée. Après des dizaines de cycles de fécondation in vitro (FIV), de consultations à travers plusieurs pays et des années d’attente douloureuse, l’espoir semblait définitivement perdu.

Mais en mars dernier, tout a changé. Grâce à une technologie inédite développée à l’Université Columbia, le système STAR (Sperm Tracking and Recovery) a identifié trois spermatozoïdes viables dans un échantillon qui avait été déclaré « vide » par tous les experts précédents. En quelques heures, ces cellules ont été utilisées pour féconder les ovules de la patiente. Elle est aujourd’hui enceinte de cinq mois.

Une technologie astronomique au service de la reproduction

Le système STAR, mis au point par le Dr Zev Williams et son équipe du Centre de fertilité de Columbia, s’appuie sur une idée singulière : appliquer des algorithmes d’imagerie conçus pour la recherche de planètes et d’étoiles à la détection de spermatozoïdes.

Le principe est simple mais révolutionnaire. STAR relie un microscope à des caméras à haute vitesse, capables de balayer un échantillon à une résolution extrême. En une heure, plus de 8 millions d’images sont capturées. Une intelligence artificielle, entraînée à reconnaître le mouvement et la forme des spermatozoïdes, analyse ces images et identifie les cellules viables — même en présence d’un bruit biologique intense.

L’un des cas les plus emblématiques, décrit par Williams, illustre la puissance de cette approche. Des techniciens expérimentés avaient analysé un échantillon pendant deux jours sans rien détecter. STAR, en une heure, a repéré 44 spermatozoïdes. Mieux encore : la méthode n’abîme pas les cellules, contrairement aux techniques classiques de centrifugation, permettant ainsi de les utiliser directement en FIV.

Une révolution discrète, mais aux effets bouleversants

Pour les couples concernés, cette technologie ouvre une voie nouvelle — une issue jusque-là invisible. Rosie, 38 ans, en est l’illustration poignante. Avec son mari, ils avaient tout tenté. « Il n’y avait vraiment plus rien », confiait-elle récemment au Time. Lorsque STAR a identifié les trois spermatozoïdes, tout s’est enchaîné : fécondation, implantation, puis grossesse.

« Je me réveille encore certains matins en doutant que ce soit réel », disait-elle à CTV News. L’IA n’a pas seulement détecté des cellules. Elle a redonné corps à un rêve.

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Crédits : I am 3D animator artist/istock

Prudence scientifique et promesses d’avenir

Si l’émotion est palpable, certains chercheurs appellent à garder la tête froide. Le Dr Robert Brannigan, de l’American Society for Reproductive Medicine, souligne la nécessité d’études plus larges pour valider STAR comme méthode clinique standard. De son côté, le Dr Gianpiero Palermo, pionnier de l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), s’inquiète : selon lui, certains hommes n’auront tout simplement jamais de spermatozoïdes à détecter, même avec l’IA la plus perfectionnée.

Mais pour Williams, l’important est ailleurs : « Grâce à STAR, des hommes à qui l’on avait dit qu’ils n’auraient jamais d’enfant biologique ont une seconde chance. » Le système, aujourd’hui uniquement disponible à Columbia, coûte environ 3 000 dollars par cycle de détection. L’équipe espère en élargir l’accès dans les mois à venir.

Une frontière entre science et miracle

La fertilité a longtemps relevé de l’intime, de l’indicible. STAR ne vient pas simplement ajouter un outil aux techniques existantes — il change le paradigme. En déplaçant notre regard de ce qui est visible à l’œil nu vers ce qui ne l’est plus, il redéfinit les limites entre science, espoir et destin.

Alors que des télescopes scrutent le ciel à la recherche d’une autre forme de vie, c’est un microscope guidé par l’IA qui, ici sur Terre, vient de permettre l’éclosion d’une nouvelle.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.