Certains patients souffrant d’un cancer du côlon sont sur le point d’entamer un essai clinique, visant à modifier la composition de leurs bactéries intestinales grâce à une greffe de selles.
Nos intestins contiennent des milliards de bactéries jouant un rôle crucial dans la digestion des aliments. Elles permettent également de nous maintenir en bonne santé. Certaines souches en revanche, semblent être impliquées dans le déclenchement de la mutation de certaines cellules, transformées en cellules cancéreuses et dans la résistance aux traitements visant à les combattre. Ces liens restent encore flous, mais un prochain essai clinique pourrait bien nous éclairer sur le sujet. Le projet, financé dans le cadre de l’initiative Grand Challenge du Cancer Research UK, implique une équipe internationale de chercheurs.
Greffes de selles
Cet essai de phase 1, qui devrait concerner une douzaine de patients, impliquera des transplantations fécales. L’idée consistera à effectuer des greffes de selles de patients sains, dans l’espoir de rétablir la composition microbienne contenue dans les intestins des patients atteints du cancer.
Les chercheurs prévoient notamment de se focaliser sur un microbe – Fusobacterium nucleatum. Ce dernier semble en effet plus répandu dans les tissus des patients cancéreux que chez les personnes en bonne santé. Des études ont également montré qu’une abondance de « bonnes » bactéries chez les patients souffrant de cancer permettait de mieux répondre aux traitements proposés (chimiothérapie et immunothérapie).
Les données enregistrées au cours de ces dernières années suggèrent donc un lien potentiel entre notre microbiome et le développement du cancer du côlon. Le but de cet essai sera ainsi de mieux appréhender cette apparente connexion dans le but de développer, à terme, des moyens efficaces de lutte contre la maladie. Les chercheurs envisagent par exemple de pouvoir considérer de nouveaux antibiotiques et vaccins susceptibles de déclencher une réaction immunitaire contre des communautés microbiennes potentiellement incriminées.
On rappelle que le nombre de cas de cancer colorectal est en constante augmentation en France – comme partout ailleurs dans le monde. On estime à environ 42 000 le nombre de nouveaux cas diagnostiqués dans l’hexagone chaque année (et environ 18 000 victimes). Pour maximiser les chances de survie, un diagnostic précoce reste la meilleure option (un dépistage précoce assure quasiment une guérison). Celui-ci repose désormais sur des tests immunologiques, à réaliser à la maison, grâce à un seul prélèvement de matières fécales.
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