Une étude mesure les effets du gigantesque pare-feu chinois !

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Crédits : geralt / Pixabay

La Chine a depuis longtemps mis en place un véritable régime de censure sur Internet. Il s’agit d’un système de filtrage avancé qui a pour but de contrôler le flux d’information en ligne. Dernièrement, des chercheurs nord-américains ont analysé la manière avec laquelle ce pare-feu empêche les chinois d’accéder à certains sites.

Une manipulation des serveurs DNS

Depuis une quinzaine d’années environ, le gouvernement de la république populaire de Chine (RPC) censure Internet. Ce dernier estime que le pays a le droit de « gouverner le Web » selon ses propres règles à l’intérieur de ses frontières. Parmi les régimes de censure en ligne existant aux quatre coins du globe, celui de la Chine est sans conteste le plus célèbre. On parle d’ailleurs de « Grand Firewall », à savoir un système de filtrage avancé se destinant au contrôle du flux d’information en ligne.

Le 3 juin 2021, des chercheurs étasuniens et canadiens ont publié une étude sur la plateforme de pré-publication arXiv (PDF en anglais / 18 pages). L’objectif ? Mesurer la taille ainsi que les effets du gigantesque pare-feu que maintient le gouvernement chinois pour contrôler la navigation de ses propres citoyens.

Dans leur publication, les chercheurs expliquent avoir utilisé l’outil GFWatch de manière quotidienne entre avril et décembre 2020. Cet outil, développé pour l’occasion, sert à prendre la mesure de la façon avec laquelle le pare-feu intervient au niveau des serveurs DNS pour empêcher les chinois d’accéder à certains sites. Rappelons que lorsque l’on recherche un site, les serveurs DNS ont pour mission de trouver son adresse IP. En cas de manipulation de ces mêmes serveurs, ceux-ci peuvent orienter l’internaute sur une page différente ou ne jamais trouver la fameuse adresse IP.

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Crédits : PxHere

Le Grand Firewall a un effet limité

Dans le cadre de leur étude, les experts se sont connectés à une moyenne de 411 millions de sites par jour. Le but était de s’assurer de la continuité en vigueur en matière de blocage des sites. Au total, pas moins de 534 millions de sites ont été testés. Or, le pare-feu chinois en bloque environ 311 000, soit un millième du total testé. Par ailleurs, l’étude souligne que, parmi ces sites, 41 000 ont fait l’objet d’un blocage par erreur. Il est question de « blocages collatéraux », concernant par exemple des sites incluant le terme « Reddit », pourtant en l’absence de lien avec cette célèbre plateforme.

En ce qui concerne 40 % des sites, la raison du blocage serait un enregistrement récent. En effet, le pare-feu semble bloquer par défaut l’intégralité des nouveaux noms de domaines. Ceci permettrait de prendre le temps de catégoriser leur contenu et, en cas de validation, en classer certains dans une liste blanche. Le reste des sites bloqués concernent différents secteurs comme la pornographie, les paris, le commerce ainsi que les médias. De nombreux blogs et sites hôtes de malwares sont dans le même cas.

Les chercheurs de l’étude affirment qu’au final, l’ampleur du Grand Firewall peut paraître plus réduite que ce qu’elle n’est en réalité. Une donnée a ici son importance : seulement 1,3 % des sites bloqués font partie des 100 000 sites les plus populaires du Web. Néanmoins, le vrai problème se situe ailleurs, dépassant largement le cadre des filtres DNS. En effet, la police chinoise compte des unités spécialisées dont la mission est de contrôler ce qui se dit en ligne et donc, de rechercher des personnes opposées au parti communiste au pouvoir.