Une étude conteste la découverte récente de phosphine sur Vénus

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La planète vénus. Crédits : JAXA

Une nouvelle recherche menée par des astronomes néerlandais conteste les résultats de l’étude explosive publiée il y a quelques semaines suggérant la présence de phosphine (et donc potentiellement de vie) dans l’atmosphère de Vénus.

À la mi-septembre, une équipe de recherche dirigée par l’astronome Jane Greaves, de l’Université de Cardiff, annonçait avoir détecté de la phosphine dans la haute atmosphère de Vénus. L’annonce avait fait beaucoup de bruit dans la mesure où ces molécules peuvent être produites par des bactéries anaérobies sur notre planète.

Pour être clairs, ces chercheurs n’ont jamais revendiqué la découverte de vie sur Vénus. Ils ont en effet simplement souligné que celle-ci pourrait expliquer la présence de ladite phosphine. Il était également possible que la substance soit générée par des réactions chimiques exotiques que nous ne comprenons pas encore et qui n’ont rien à voir avec la vie.

Ceci dit, une réévaluation indépendante des méthodes utilisées par ces chercheurs vient néanmoins d’aboutir à une conclusion entièrement différente. D’après une nouvelle recherche menée par Ignas Snellen et son équipe, de l’Université de Leiden (Pays-Bas), il n’y aurait en effet « aucune preuve statistique » de la présence de phosphine dans l’atmosphère vénusienne.

Un rapport signal/bruit trop faible

Dans l’étude initiale, publiée dans Nature Astronomy, les chercheurs s’étaient appuyés sur les données recueillies par l’Atacama Large Millimeter / submillimeter Array (ALMA), dans le nord du Chili. Concrètement, Ignas Snellen et son équipe ont examiné les mêmes données fournies par l’équipe de recherche d’origine. Ils ont ensuite appliqué la même approche méthodologique pour voir si eux aussi pouvaient isoler le signal spectral de la phosphine (267 GHz). Conclusion, l’équipe néerlandaise n’a pas pu vérifier les résultats.

Concrètement, voilà ce que ça signifie. Lorsqu’ils « analysent le ciel », les astronomes sont constamment confrontés à des problèmes de bruit de fond. Le principal défi consiste alors à « démêler » les signaux recherchés des signaux indésirables.

Ici, l’équipe initiale a prétendu avoir enregistré bien plus de « bonnes données » que de mauvaises (c’est-à-dire un rapport signal/bruit élevé). Une affirmation avec laquelle la nouvelle n’est pas d’accord. Au contraire, le rapport signal/bruit du signal phosphine proposé était en réalité assez faible selon eux. Ils l’estiment même trop faible pour être significatif.

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Représentation de la molécule phosphine (PH3) / ESO/M. Kornmesser/L.Calçada & NASA/JPL/Caltech

Ainsi, « la plus grande découverte scientifique de toute l’histoire » devra encore attendre. En effet, comme le disait si bien l’astronome Carl Sagan : « des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires« . En l’occurrence ici, nous manquons encore de preuves. Pour être véritablement considérés, les résultats de cette étude auraient dû être reproduits par plusieurs équipes indépendantes.

Ceci dit, cette histoire n’est peut-être pas encore terminée. En effet, le nouveau document lui-même n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs.