Une nouvelle étude parue le 9 juillet dans Plos One confirme le déclin alarmant et généralisé des insectes. L’analyse s’est concentrée sur 81 espèces de papillons dans l’État de l’Ohio aux États-Unis. Les résultats sont en accord avec ceux issus des programmes européens – desquels provient l’essentiel des données sur l’évolution de la biomasse des insectes. Le présent travail généralise donc les résultats européens, et appuie leur représentativité de l’évolution à plus grande échelle.
De par ses activités, l’Homme est devenu une menace redoutable pour la biodiversité terrestre. Aussi bien de manière directe par le biais de l’agriculture et la destruction d’habitats naturels qu’indirecte avec le changement climatique. En ce sens, certains qualifient la situation actuelle de sixième extinction de masse – ou extinction de l’holocène.
Parmi les nombreuses formes de vie menacées, on retrouve les insectes. On rappellera qu’une étude parue en 2014 révélait une diminution de 45 % de leur biomasse à l’échelle globale. Et ceci en seulement 40 ans. Toutefois, les données utilisées par ce type d’étude proviennent en très grande partie de programmes de surveillance européens.
Perte de biomasse chez les papillons : le cas de l’Ohio
Dans le souci de construire une vision moins biaisée de la perte de biodiversité chez les insectes, des chercheurs ont entrepris une étude des données fournies par un programme de surveillance américain. Couvrant l’État de l’Ohio aux États-Unis, il s’agit du plus ambitieux jamais mis en place en Amérique du Nord.
Dans leur papier, les scientifiques se sont concentrés sur les tendances observées dans les populations de papillons. Par ailleurs, la période couverte s’étend de 1996 à 2016.
« Puisqu’il est plus facile de surveiller les papillons que d’autres insectes, ils tendent à être la meilleure source de données quant au suivi du déclin ou de l’augmentation des populations d’insectes », explique Tyson Wepprich, auteur principal de l’étude. « Les évaluations environnementales les utilisent comme indicateur de la trajectoire générale de la biodiversité ».
Au final, les résultats reflètent ce qu’ont montré les programmes européens. Sur les 21 années d’observations, il ressort une baisse de 33 % de la biomasse des papillons. Autrement dit, une réduction de 2 % par an. Parmi les 81 espèces analysées, celles en déclin sont trois fois plus nombreuses que celles qui présentent une tendance à la hausse.
Des implications pour tout un écosystème
« Ces baisses se produisent chez des espèces communes », s’inquiète l’auteur principal. « Les espèces communes sont celles qui contribuent à l’essentiel de la pollinisation et de la nourriture écosystémique pour les oiseaux. Par conséquent, leur recul lent et constant a très probablement des implications allant au-delà du seul nombre de papillons ».
En conclusion, ces résultats indiquent que la perte de biomasse chez les insectes se produit aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord. Et à un rythme similaire, sinon plus élevé. Des tendances établies de manière rigoureuse grâce à l’étude des populations de papillons. Ainsi, l’éventuel biais des analyses globales dû à une sur-représentation de l’Europe serait finalement inexistant. Cette dernière étant a priori représentative de la tendance générale.
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