Plusieurs centaines de chercheurs du monde entier tirent la sonnette d’alarme : les particules virales du nouveau coronavirus pourraient aussi se transmettre par de minuscules gouttelettes aéroportées.
Le coronavirus SARS-CoV-2 continue de se propager à travers le monde à un rythme très soutenu. L’Afrique du Sud a notamment enregistré plus de 10 000 nouveaux cas au cours des dernières 24 heures, un record qui laisse craindre une flambée des infections dans le pays.
De son côté, l’Inde vient d’annoncer avoir recensé un total de près de 700 000 cas depuis le début de l’épidémie. Elle devient ainsi le troisième pays du monde le plus touché en nombre de contaminations derrière les États-Unis et le Brésil, et devant la Russie.
À ce jour, plus de 11 471 000 cas ont été recensés dans le monde, dont plus de 534 000 victimes, selon le comptage de l’Université John Hopkins, qui fait référence. Un bilan qui pourrait être largement sous-estimé en raison du manque de dépistage.
Ces nouvelles flambées de cas recensés pourraient s’expliquer par l’assouplissement des mesures de confinement mises en place dans la grande majorité des pays. Mais d’autres facteurs pourrait également jouer un rôle. Et si le virus, lui-même, avait aussi été sous-estimé ?
Un virus aéroporté ?
La piste avait déjà été proposée avant d’être écartée. Elle revient aujourd’hui sur la table.
Selon une équipe de 239 chercheurs de 32 pays, le SARS-CoV-2 pourrait finalement persister dans l’air dans une pièce suffisamment longtemps pour contaminer les personnes se trouvant à proximité, rapporte en effet le New York Times. Autrement dit, le nouveau coronavirus pourrait aussi se transmettre par voie aéroportée.
Une possible voie de transmission pourtant réfutée plusieurs fois par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on vient de le dire, qui soutient que le virus se propage principalement par de grosses gouttelettes après un éternuement ou une toux.
D’après le Dr Benedetta Allegranzi, responsable technique de l’OMS dans la lutte contre les infections, les preuves de la propagation du virus par voie aérienne ne sont pas suffisantes.
« Au cours des deux derniers mois, nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous considérions la transmission aéroportée comme possible, mais certainement pas étayée par des preuves solides ou même claires. Il y a un fort débat à ce sujet », a-t-elle précisé, relayée par le New York Times.
L’OMS doit revoir ses recommandations
Dans une lettre ouverte, qui doit être prochainement publiée dans la revue scientifique Clinical Infectious Diseases, l’équipe internationale exhorte néanmoins l’OMS de réviser ses recommandations, alors que les bars, restaurants et autres lieux de rencontres réouvrent un peu partout sur la planète.
S’il s’avère que le virus peut effectivement se transmettre par voie aéroportée, le port du masque devrait alors être nécessaire même dans des environnements socialement éloignés. De leur côté, les agents de santé devraient également avoir besoin de masques N95 capables de filtrer même les plus petites gouttelettes respiratoires.
Les chercheurs demandent également à ce qu’une ventilation suffisante et efficace (fournir de l’air extérieur propre, minimiser la re-circulation de l’air) soit disponible dans les bâtiments publics, les environnements de travail, les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite.
« Ils mourront en défendant leur point de vue »
La publication officielle de telles recommandations, alors que le monde se déconfine, pourrait en revanche être plus compliquée que prévu.
En effet, plusieurs entretiens réalisés par le New York Times auprès d’une vingtaine de chercheurs qui co-signent cette lettre ouverte semblent dessiner une organisation (OMS) très « en décalage » avec la science.
Le comité de prévention et de contrôle des infections, en particulier, aurait une vision trop étriquée de la situation, et serait donc peu encline à prendre des risques dans la mise à jour de ses directives. « Ils mourront en défendant leur point de vue », déclare même un ancien consultant de l’OMS.