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Une douleur insoutenable : le mammifère le plus venimeux du monde n’est pas celui que vous croyez

L’ornithorynque est l’un des animaux les plus surprenants au monde, et pas seulement à cause de son apparence étrange. Ce mammifère semi-aquatique, originaire de l’Australie et de Tasmanie, possède un venin capable de provoquer une douleur intense chez l’Homme, faisant de lui l’un des rares mammifères venimeux. Découvrez pourquoi cette créature fascinante est à la fois unique et redoutable.

La piqûre la plus douloureuse du règne des mammifères

Seule une poignée de mammifères peut infliger du venin, mais l’ornithorynque mâle détient la réputation de produire l’une des piqûres les plus atroces. Le venin injecté via ses éperons sur les pattes arrière ne tue pas un adulte, mais il provoque une douleur immédiate, soutenue et parfois insupportable.

Un rapport de 1992 raconte l’histoire d’un Australien de 57 ans, qui a été piqué alors qu’il pêchait dans le nord du Queensland. Ancien combattant, il a décrit la douleur comme bien pire que celle ressentie par un éclat d’obus au combat. Même après avoir reçu de puissants analgésiques à l’hôpital, il a fallu plusieurs jours avant que la douleur devienne tolérable. Trois semaines plus tard, sa main présentait encore des difficultés à se mouvoir.

Dans un autre cas, une femme de 62 ans, blessée en sauvant un ornithorynque sauvage, a souffert de douleurs intenses et d’infections bactériennes, nécessitant une intervention chirurgicale et un traitement antibiotique prolongé. Ces témoignages montrent que la piqûre de l’ornithorynque n’est pas seulement douloureuse, mais peut aussi provoquer des complications secondaires.

Un animal aux traits surprenants

L’ornithorynque est célèbre pour son apparence étrange : il possède un bec de canard, une queue de castor et des pattes de loutre. Mais sa singularité ne s’arrête pas là. Il fait partie des monotrèmes, un petit groupe de mammifères qui pondent des œufs au lieu de donner naissance à des petits vivants.

Les mâles et les femelles naissent avec des éperons acérés sur leurs pattes arrière, mais seuls les mâles produisent du venin. Cette toxine est sécrétée par une glande réniforme qui gonfle durant la saison de reproduction, lorsque la compétition entre mâles est la plus intense. Le venin est un mélange complexe de 19 groupes de peptides différents, certains présentant des similitudes avec ceux de poissons venimeux, d’araignées ou même d’anémones de mer.

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Les ornithorynques à bec de canard sont de petits animaux timides que l’on voit rarement dans l’habitat australien. Crédit image : Michael Jerrard/ Unsplash
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Une leçon d’évolution convergente

Le venin de l’ornithorynque est un exemple frappant d’évolution convergente, un phénomène où des espèces non apparentées développent des caractéristiques similaires en réponse à des pressions évolutives comparables. Les peptides du venin montrent que, bien que l’ornithorynque soit unique parmi les mammifères, la nature utilise parfois des solutions chimiques similaires pour résoudre des problèmes identiques : se défendre, marquer un territoire ou éliminer la concurrence.

Son isolement géographique sur le continent australien a favorisé cette singularité. Isolée pendant des millions d’années, la faune australienne a développé des traits uniques, donnant naissance à des espèces comme les koalas, les wombats et, bien sûr, l’ornithorynque.

Un animal fascinant et dangereux

L’ornithorynque illustre à quel point la nature peut être inventive. Sa combinaison de traits surprenants – pondre des œufs, avoir un bec de canard, une queue de castor et un venin puissant – en fait un exemple unique de l’adaptation animale.

Pour l’homme, il constitue un danger relatif : la piqûre n’est pas mortelle, mais la douleur qu’elle provoque est intense et prolongée. Les chercheurs continuent d’étudier la composition de son venin, qui pourrait inspirer de nouvelles recherches biomédicales et pharmaceutiques.

En résumé, l’ornithorynque n’est pas seulement un curieux animal d’Australie : c’est un mammifère venimeux exceptionnel, capable de rappeler à l’homme que la nature peut combiner beauté, singularité et danger de manière surprenante.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.