Des pratiques rituelles dévoilées grâce à la science moderne
Les rituels de l’Égypte antique continuent de fasciner, révélant des traditions intrigantes où spiritualité et pharmacopée se mêlaient. Une équipe de chercheurs de l’Université de Floride du Sud, menée par Davide Tanasi, a mis en lumière une découverte étonnante : un cocktail sacré, mêlant substances psychotropes, alcool et fluides corporels, consommé dans des contextes religieux ou magiques durant l’ère ptolémaïque (330-30 av. J.-C.).
Ces révélations, rendues possibles grâce à des analyses chimiques et ADN de récipients anciens, apportent un éclairage inédit sur les pratiques ésotériques de cette époque.
Les tasses Bes : des objets rituels aux usages longtemps énigmatiques
Au centre de cette découverte se trouvent les célèbres tasses Bes, des récipients en céramique ornés d’effigies de Bes, un dieu protecteur associé à la fertilité et à la guérison. Longtemps, leur fonction est restée mystérieuse pour les égyptologues.
Les analyses récentes ont permis de confirmer qu’elles contenaient une concoction complexe composée de plantes aux propriétés psychotropes et médicinales, mélangées à de l’alcool et à divers fluides corporels tels que le lait maternel, le sang ou le mucus. Ces ingrédients, choisis avec soin, auraient été destinés à induire des états de transe ou des visions oniriques, utilisés pour des rituels magiques ou de purification.
Un élixir pour favoriser la fertilité et conjurer le danger
Les chercheurs pensent que ces breuvages faisaient partie de cérémonies liées à la fertilité et à la maternité. Davide Tanasi explique : « Nos analyses chimiques ont révélé, pour la première fois, les signatures précises des ingrédients utilisés dans ces rituels complexes. »
Branko Van Oppen, conservateur au Tampa Museum of Art, ajoute que les « Chambres de Bes », comme celles découvertes à Saqqarah, étaient probablement des lieux où ces rituels se déroulaient. Les femmes y cherchaient la bénédiction divine pour surmonter les dangers de la grossesse et de l’accouchement, souvent fatals à l’époque.
Une pratique ancrée dans le mythe et la magie
Ce rituel aurait recréé des mythes égyptiens liés à la création et à la fertilité, en utilisant des ingrédients visant à connecter les participants au divin. Les substances hallucinogènes, extraites de plantes comme le lotus bleu, connu pour ses propriétés euphoriques, jouaient un rôle clé dans ces expériences spirituelles.
Les prochaines étapes des chercheurs incluent l’analyse d’autres tasses Bes pour confirmer ces découvertes et élargir la compréhension de ces pratiques fascinantes.
Le rôle des psychotropes dans les pratiques anciennes
L’utilisation de substances hallucinogènes dans des contextes rituels n’est pas exclusive à l’Égypte antique. Des civilisations comme les Mayas et les Incas recouraient à des plantes psychotropes pour se connecter au monde spirituel. Ce lien entre substance et rituel témoigne d’une quête universelle : celle de transcender la réalité pour entrer en communion avec des forces invisibles.
Une plongée dans un passé toujours plein de mystères
Cette découverte marque un tournant dans notre compréhension des pratiques mystiques de l’Égypte antique, révélant à quel point la médecine, la religion et la magie étaient intimement liées. Elle illustre aussi l’importance des technologies modernes dans la redécouverte de traditions millénaires.
Sources :
- Tanasi, D., et al. (2024). Étude publiée par l’Université de Floride du Sud.
- Tampa Museum of Art : Analyse chimique des tasses Bes.
- Publications scientifiques sur les rituels et substances psychotropes antiques.