Une ancienne fosse d’aisance (encore puante) découverte à Londres

fosse londres
Crédits : Museum of London Archaeology

Creusez n’importe où dans Londres et vous êtes à peu près sûr de tomber sur quelque chose d’intéressant. Comme une fosse d’aisance, par exemple.

Les fosses d’aisance, destinées à stocker les déjections humaines, ont été utilisées bien longtemps avant l’arrivée des premiers toilettes à chasse d’eau. La ville de Londres, déjà grouillante de vie à l’époque du Moyen-âge, en proposait des centaines, au-dessus desquelles les milliers d’habitants venaient s’accroupir. Une fois pleines, on emportait généralement leurs contenus vers la Tamise ou la rivière Fleet. Pendant ce temps-là, on en creusait de nouvelles.

À Londres, ces anciennes fosses ont heureusement disparu, mais l’une d’elles a récemment refait surface, près de la Tamise.

Uns structure de 5 mètres de profondeur

La Courtauld Gallery est un musée situé dans le Somerset House, dans le centre de Londres. Vous y retrouverez la collection de l’Institut Courtauld, un établissement d’enseignement et de recherche spécialisé dans l’étude de l’histoire de l’art.

Les différents bâtiments subissent actuellement d’importantes rénovations en prévision d’une réouverture en 2021. Comme c’est très souvent le cas dans ce genre de situation, des archéologues sont mandatés pour mener des fouilles préliminaires, en amont des travaux. Il serait en effet dommage de passer à côté d’artefacts, surtout dans une ville comme Londres, chargée d’histoire.

Stephanie Hall, la directrice de ce projet de fouille, ne savait pas trop à quoi s’attendre en arrivant. Elle savait qu’au 16e siècle, la région abritait de belles demeures qui jouxtaient la Tamise. C’était notamment un endroit à la mode pour les ducs, les membres de la famille royale.

En octobre 2019, les équipes de Stephanie Hall sont alors tombées sur les restes d’une structure en pierre, flanquée de quelques fosses à ordures de l’époque saxonne contenant des objets tels que des peignes en os utilisés pour éliminer les poux. En poursuivant les fouilles, les archéologues ont finalement découvert que cette structure s’enfonçait jusqu’à cinq mètres de profondeur. Il ne leur a pas fallu longtemps pour se rendre compte qu’il s’agissait en réalité d’une ancienne fosse d’aisance.

Les chercheurs ont ensuite passé un mois entier à étudier les environs. Et plus ils creusaient, plus ils s’enfonçaient. Les anciennes matière fécales s’étaient transformées en pierre, expliquent-ils, mais l’odeur était encore bien présente.

Après avoir tout creusé, les chercheurs ont finalement découvert que la structure avait des murs de près d’un mètre d’épaisseur, et une base de gravier.

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Crédits : Museum of London Archaeology

Une mine d’informations

Ce type de découverte, au-delà des sentiments de dégoût qu’il suscite, est réellement intéressant pour les archéologues. Ces fosses – et les latrines en général – peuvent en effet contenir de nombreux indices sur les régimes alimentaires et la santé de celles et ceux qui les occupaient.

Ces structures ayant également parfois été considérées comme de vraies décharges, il n’est pas non plus si rare de découvrir quelques artefacts historiques à l’intérieur. « C’était un endroit pratique pour jeter des objets indésirables ou cassés, explique en effet au Guardian l’archéologue Antonietta Lerz du Museum of London Archaeology. Et si quelque chose tombait accidentellement, eh bien, personne ne descendait pour le récupérer ».

Dans cette nouvelle fosse, les chercheurs ont découvert une centaine d’objets datant du 14e au 16e siècle. Une tête de cheval écrasée et le squelette complet d’une chien ont également été retrouvés. Les chercheurs soupçonnent que le reste du cheval a peut-être été consommé, et que le chien est peut-être tombé ou a été jeté dedans après sa mort.

Aujourd’hui les fouilles sont terminées. La fosse sera bientôt remplie de polystyrène, afin que les chercheurs puissent revenir creuser si besoin. Certains des objets retrouvés seront également exposés au public lors de la réouverture du bâtiment l’année prochaine.

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