John Chau, un américain de 27 ans, a été tué le 16 novembre après s’être un peu trop approché du peuple des Sentinelles, une tribu qui vit en autarcie au large de l’Inde. Le jeune homme tentait d’entrer en contact avec eux pour leur présenter Dieu.
Les autorités indiennes interdisent formellement de se rendre à moins de cinq kilomètres de North Sentinel, où évolue la tribu des Sentinelles dans les îles Andaman, au large de l’Inde. Et pour cause, l’accueil n’est pas très amical. Un jeune jeune homme vient d’en payer le prix le plus cher. John Chau, 27 ans, qui avait déjà tenté plusieurs fois d’arriver sur l’île (sans succès), a finalement réussi à se rendre sur la plage le 16 novembre dernier, après avoir payé des pêcheurs locaux. Mais les membres de cette tribu – souvent décrite comme la plus isolée de la planète – refusent toujours tout contact avec le monde extérieur. Ils l’ont une nouvelle fois fait comprendre en tuant le jeune homme, à peine le premier pied posé sur la plage.

Son corps retrouvé sur la plage
« Il a été attaqué avec des flèches, mais il a continué à marcher, explique une source policière sous condition d’anonymat. Les pêcheurs ont vu les habitants de l’île lui nouer une corde autour du cou et traîner son corps. Les pêcheurs ont ensuite pris peur et se sont enfuis, mais ils sont revenus le matin suivant et ont trouvé son corps sur la plage ».
« Une imbécilité sans nom »
Toujours selon cette source locale, le jeune homme semblait vouloir entrer en contact avec le peuple autochtone, très spirituel et en phase avec la nature, dans l’espoir de pouvoir prêcher la parole de Dieu. Une intention qualifiée « d’imbécilité sans nom » par l’ethnologue Patrick Bernard, de la Fondation Anako, qui œuvre à la sauvegarde des mémoires audiovisuelles des derniers peuples et cultures autochtones.

« Tout ce qui vient de l’océan représente un danger »
Interrogé par France Info, le chercheur note que ce peuple n’est pas agressif par nature. Ils ont en revanche cultivé une certaine défiance quant aux visiteurs venus de la mer. « Ils ont une conscience de notre monde assez limitée dans la mesure où leurs îles ont toujours été longées par des bateaux qui n’avaient pas forcément de bonnes intentions à leur égard, dit-il. Souvent les navigateurs, qui étaient des pirates, des pêcheurs ou des contrebandiers, lorsqu’ils voyaient ces hommes sur les berges tiraient dessus. Pour eux, tout ce qui vient de l’océan représente donc un danger pour leur famille pour leurs enfants ».

L’ethnologue invite ainsi « le monde extérieur » à laisser en paix ce peuple de chasseurs-cueilleurs qui évolue ainsi depuis presque 100 000 ans. « On sait très bien que le jour où une petite tribu comme les Sentinelles entre en contact avec le monde extérieur, c’est une fin non seulement culturelle, non seulement au niveau de leur mode de vie, mais c’est une fin physique, poursuit le chercheur, qui prend comme exemple celui des Jarawas, qui depuis leurs premiers contacts avec le monde extérieur en 2003 font face à des épidémies de tuberculose et de sida (dues aux viols de jeunes filles).
En attendant, la police indienne aurait depuis ouvert une enquête pour meurtre. Sept pêcheurs ayant permis à la victime d’accoster ont également été interpellés.
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