Un simple test oculaire pourrait-il dépister l’autisme chez les enfants ?

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Selon de nouveaux travaux menés par l’Université de l’État de Washington, mesurer le réflexe lumineux pupillaire (la manière dont les pupilles des yeux évoluent en réponse à la lumière) pourrait potentiellement permettre le dépistage de l’autisme chez les jeunes enfants. À terme, un tel dispositif pourrait permettre de poser un diagnostic plus rapidement, dès l’âge de dix-huit mois. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Neurological Sciences.

Le diagnostic de l’autisme

L’autisme est un trouble du développement caractérisé par des perturbations dans les domaines des interactions sociales, de la communication et par des comportements, intérêts et activités au caractère restreint et/ou répétitif. À ce jour, le diagnostic de l’autisme est principalement clinique, établi le plus souvent entre deux et six ans. Il repose sur un faisceau d’arguments cliniques recueillis dans des situations variées. En collaboration avec la famille, des professionnels effectuent également une évaluation de potentiels troubles et des capacités.

Malgré tout, de nombreux enfants restent encore mal diagnostiqués. D’autres sont même complètement oubliés en raison de la nature subjective du processus de diagnostic. Avoir une méthode de dépistage rapide et objective pourrait ainsi aider à améliorer la précision et la rapidité avec lesquelles les enfants sont diagnostiqués, et donc traités.

« Nous savons que lorsque nous intervenons dès l’âge de 18 à 24 mois, cela a un impact à long terme sur les résultats« , explique Georgina Lynch, de l’Université d’État de Washington. « Intervenir pendant cette fenêtre critique pourrait faire la différence entre un enfant acquérant un discours verbal et restant non verbal. »

Depuis plusieurs années, Georgina Lynch et son équipe s’intéressent au réflexe lumineux pupillaire ou la manière dont les pupilles des yeux évoluent en réponse à la lumière, considérant ce dernier comme un potentiel biomarqueur potentiel de dépistage. Des études antérieures ont en effet révélé plusieurs anomalies chez les enfants autistes. Une nouvelle étude semble confirmer le lien.

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Crédits : MaxPixel / Domaine Public

Un dispositif simple et facile d’utilisation

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont testé trente-six enfants autistes âgés de 6 à 17 ans, ainsi qu’un groupe témoin de vingt-quatre enfants au développement typique. Les réflexes lumineux pupillaires ont été testés par des prestataires cliniques au moyen d’un pupillomètre monoculaire portable.

Pour rappel, un pupillomètre classique est un instrument qui sert à mesurer l’écart entre les deux pupilles d’une personne. Ces appareils sont souvent stationnaires et coûteux. Ici, l’instrument portable ne s’intéresse qu’à un œil à la fois. Les chercheurs ont opté pour cette approche, car nous savons qu’il n’y a pas de différence significative entre les yeux en termes de réponse pupillaire dans l’autisme, contrairement aux traumatismes crâniens ou aux commotions cérébrales où il est courant de voir des tailles de pupilles inégales, mais aussi parce qu’un tel instrument est moins coûteux. La moindre dépense et la portabilité associées à la technologie monoculaire pourraient donc permettre de l’étendre à un maximum de cliniques.

En analysant les résultats, les chercheurs ont alors découvert que les enfants autistes présentaient des différences dans le temps nécessaire à leurs pupilles pour se contracter en réponse à la lumière. Les pupilles de ces enfants ont également mis plus de temps à retrouver leur taille d’origine une fois la source de lumière supprimée.

L’équipe travaille maintenant à étendre les tests à un groupe de trois cents enfants de deux à quatre ans ou plus dans un plus grand nombre de sites. Les données de cette étude seront utilisées pour développer un dispositif de dépistage de référence pour les prestataires. En parallèle, la chercheuse déposera bientôt une demande d’approbation de précommercialisation par la Food and Drug Administration (FDA) pour le dispositif.