Une récente étude menée en France s’est intéressée aux effets de la consommation de cannabis sur la conduite. Or, cette étude est originale dans la mesure où celle-ci a été menée dans des conditions réelles, une grande première. En effet, les recherches en conditions réelles concernant le cannabis sont très rares.
Des volontaires ayant fumé du cannabis
Menée entre 2017 et 2018, l’étude a concerné 30 volontaires ayant fumé du cannabis fourni par la police. L’objectif ? Tester à la fois leur vigilance psychomotrice ainsi que leurs performances sur la durée en termes de conduite. Ces recherches publiées dans la revue Clinical Chemistry (vol.65 de septembre 2019) ont été pilotées par Jean-Claude Alvarez, chef de service du laboratoire de pharmacologie-toxicologie du CHU de Garches.
Les fumeurs ont été séparés en deux groupes, à savoir les fumeurs réguliers (1 ou 2 joints par jour) et les fumeurs occasionnels (1 ou 2 joints par semaine). Par ailleurs, tous les volontaires étaient des hommes âgés entre 18 et 34 ans. Avant d’évaluer leurs performances au volant, les chercheurs ont mesuré le taux de tétrahydrocannabinol (THC) des volontaires. Ceci a été fait par le biais du test utilisé habituellement par la police ainsi qu’une prise de sang. De plus, il faut savoir que certains ont reçu des joints contenant entre 10 et 30 mg de THC et d’autres de simples placebos (chanvre sans THC).
Des résultats instructifs
Après leur consommation, les participants à l’étude sont passés au simulateur de conduite. Ce dernier reproduisait notamment des situations spéciales comme la circulation sur autoroute par vent fort. Premier constat : le cannabis impacte la conduite dans tous les cas, qu’il s’agisse de fumeurs occasionnels ou réguliers. Le temps de réaction est allongé parfois jusqu’à 20 %, mais ceci est davantage marqué chez les fumeurs occasionnels. En effet, les fumeurs réguliers ont une plus grande tolérance à la substance, qui reste en revanche plus longtemps détectable chez eux. Il est aussi question d’une trajectoire de base différente et d’une façon de conduire modifiée en général.
Alors que le cannabis est impliqué dans 14 % des accidents mortels de la route en France, la connaissance des effets du cannabis au volant est encore limitée. Ainsi, les résultats de cette étude sont très intéressants. Par ailleurs comme l’explique Le Point, ces recherches ont reçu de vives critiques émanant de scientifiques américains. Ces derniers se sont indignés du fait que de véritables joints étaient utilisés. Toutefois, comme le rappellent les meneurs de l’étude, aucun volontaire n’a été initié à la substance puisque tous étaient des consommateurs avérés. Enfin, l’étude n’a dévoilé que sa première partie, et la seconde devrait être publiée dans les prochains mois.
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