L’agriculture n’est pas exclusive à l’être humain même si elle ne se retrouve que rarement au sein du royaume animal. En effet, une espèce de fouisseur originaire des États-Unis possède la faculté de travailler le sol afin d’y cultiver ses aliments. Des chercheurs de l’Université de Floride viennent tout juste de découvrir cette aptitude singulière chez ce rongeur.
L’étude est publiée dans Current Biology. Elle porte sur le gaufre brun, ou gaufre à poche, un mammifère d’Amérique du Nord, et plus exactement sur son comportement pour le moins atypique et réservé à seulement quelques espèces vivant sur Terre. Effectivement, les spécialistes n’avaient pour l’heure jamais décelé d’animaux capables de faire pousser leur propre nourriture, hormis quelques variétés d’insectes comme la fourmi champignonniste.
Un foreur du « Nouveau Monde »
Le gaufre à poche vit sur le territoire américain, la plupart du temps sous la surface où il creuse des galeries grâce à ses longues incisives adaptées à cette activité. Qui plus est, l’animal peut garder ses mâchoires fermées tout en forant, ce qui lui évite d’ingurgiter la terre. S’il est rarement visible à terrain découvert, les principales traces de son passage subsistent au travers de petits amoncellements de « gravats » laissés derrière lui. Une fois sa tâche accomplie, on constate la présence souterraine d’un réseau de tunnels s’étalant sur près de 160 m de long.
Selon son mode de vie, les biologistes en avaient tout d’abord déduit une consommation unique de végétaux rencontrés durant son travail d’excavation. Or, ce labeur nécessite un apport énergétique 3 000 fois plus important que le simple fait de marcher. Par conséquent, il a semblé évident qu’une alimentation alternative devait venir compléter les besoins nutritifs du gaufre à poche.

Des sous-sols aménagés pour l’agriculture
C’est pourquoi les scientifiques ont observé ce mammifère au sein d’une plantation de pin en Floride. Au cours de leur investigation, ils se sont rendu compte d’une attitude animale peu commune. En effet, les gaufres à poche cultivent la terre à des fins nourricières. Pour ce faire, ils agencent les parois de leur vaste demeure de façon à conserver une atmosphère humide et aérée. En outre, les rongeurs emploient également leurs excréments comme engrais.
Les chercheurs ont donc remarqué l’existence de jeunes pousses issues du travail des fouisseurs. Elles tapissent l’intérieur des galeries, leur texture assez molle facilitant la mastication et la digestion, contrairement aux racines qui parsèment naturellement les zones en sous-sol. Qui plus est, le gaufre brun grignote fréquemment ces végétaux, permettant ainsi d’obtenir rapidement de toutes nouvelles plantes. Les auteurs de l’étude estiment que cette pratique agricole génère entre 21 % et 62 % de l’apport énergétique dont les gaufres ont besoin.