Un robot « espion » filme des gorilles en train de chanter pendant le repas

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Crédits : UICN

Dans le cadre d’une mini-série diffusée sur la chaîne BBC-PBS, des chercheurs ont intégré un jeune « espion » dans une famille de gorilles sauvages. L’occasion d’apprécier des comportements très intimes.

Les animatroniques sont des créatures robotisées généralement exploitées dans les films et les parcs d’attractions. Depuis quelques années cependant, et parce qu’ils sont de plus en plus réalistes, ces robots sont également utilisés dans le cadre d’études sur le comportement animal. En s’intégrant dans leur environnement, et en se confondant parmi leurs « semblables », ces petits espions robotisés autorisent en effet une hyper proximité, permettant de ce fait aux chercheurs d’observer des comportements qui autrement seraient passés inaperçus.

Un espion chez les gorilles

Dans la mini-série Spy in the Wild 2, diffusée fin avril sur la chaîne BBC-PBS, l’un des épisodes se concentre sur les gorilles des montagnes. Dans cet esprit, les cinéastes (qui sont également biologistes) ont jeté leur dévolu sur un spécimen enfant, dans le but de faciliter son intégration au sein de la famille. L’accent a notamment été mis sur le regard de l’animatronique, que les chercheurs ont voulu fuyant.

« Contrairement à nous, les gorilles fixent rarement les choses du regard : ils jettent un coup d’oeil », souligne en effet le célèbre primatologue Frans de Waal dans son ouvrage Le singe en nous. « Ils disposent d’une incroyable vision périphérique et suivent du coin de l’oeil une grande partie de ce qui se passe autour d’eux. On n’y pense pas toujours, ajoute le chercheur. Combien de fois les ai-je cru l’esprit ailleurs, alors qu’aucun détail ne leur avait échappé ».

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Spy gorilla, un animatronique hyper réaliste. Crédits : capture d’écran BBC

Des comportements très intimes

Grâce à ce gorille « espion », rapidement intégré à sa famille adoptive de gorilles sauvages grâce à son respect du langage corporel propre à cette espèce, les chercheurs ont pu être témoins de moments très intimes, comme le fait de chantonner pendant le repas.

Un tel comportement n’avait jamais été filmé auparavant. En revanche, il avait déjà été observé il y a quelques années.

Dans le cadre d’une étude publiée en 2016 dans la revue PLOS ONE, des biologistes avaient en effet documenté ce comportement d’appel à la nourriture chez plusieurs gorilles, décrivant la manière dont ces grands singes peuvent émettre des sons vocaux lors de la collecte et de la consommation des repas, variant les hauteurs et les durées de tons en fonction de la quantité et de la qualité de la nourriture ingurgitée.

Comme le souligne également le reportage, les gorilles peuvent consommer près de 20 kilos de fruits et de feuilles par jour. Et forcément, un tel régime n’est pas sans conséquence. Ainsi le jeune gorille espion fut également témoin de véritables « concerts de flatulences ».

Pour rappel, les gorilles des montagnes (Gorilla beringei beringei) flirtent avec l’extinction depuis des décennies, victimes du braconnage et de la perte de leur habitat. Néanmoins, un sondage publié en fin d’année dernière a montré que les effectifs étaient en hausse. Selon ce décompte, la population totale de ces grands singes (en liberté) s’élèverait donc désormais à 1 063 individus. À titre de comparaison, il y a 10 ans, ils n’étaient que 680.

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