Pendant des décennies, les scientifiques s’attendaient à voir notre étoile s’endormir progressivement. Mais des observations de la NASA changent la donne : le Soleil connaît actuellement un réveil spectaculaire qui pourrait transformer notre quotidien de manière dramatique. Cette résurgence inattendue soulève des questions troublantes sur l’avenir de nos technologies et notre capacité à prédire le comportement de notre étoile.
Quand les prévisions s’effondrent
Depuis le début des années 2000, tout semblait indiquer que le Soleil entrait dans une phase de repos prolongé. L’activité solaire déclinait régulièrement, rappelant aux scientifiques certaines périodes historiques bien documentées. Entre 1645 et 1715, le fameux « minimum de Maunder » avait plongé l’Europe dans un petit âge glaciaire. Plus récemment, le minimum de Dalton (1790-1830) avait également marqué une période de faible activité stellaire.
Cette tendance baissière s’était confirmée lors du dernier maximum solaire de 2013-2014, particulièrement faible comparé aux cycles précédents. Les experts s’accordaient : nous nous dirigions vers un nouveau « minimum solaire profond » qui pourrait durer des décennies.
Mais notre étoile en a décidé autrement.
Un réveil qui défie toute logique
Jamie Jasinski, physicien des plasmas au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, et son équipe ont analysé plusieurs indicateurs clés de l’activité solaire : vent solaire, intensité du champ magnétique, nombre de taches solaires. Leur conclusion, publiée dans The Astrophysical Journal Letters, est sans appel : depuis 2008, tous ces paramètres suivent une courbe ascendante qui pourrait se poursuivre pendant des décennies.
« Tout indiquait que le Soleil entrait dans une phase prolongée de faible activité« , explique Jasinski. « Ce fut donc une surprise de voir cette tendance s’inverser. Le Soleil se réveille lentement.«
Cette résurgence a pris de court même les plus grands spécialistes. Le Space Weather Prediction Center, qui regroupe des experts de la NASA et de la NOAA, avait initialement prévu que le maximum solaire actuel débuterait en 2025 avec une intensité modérée. La réalité s’est avérée radicalement différente.

Un spectacle solaire hors normes
Le cycle actuel a démarré fin 2019 et a rapidement montré son caractère exceptionnel. Le maximum solaire est arrivé avec un an d’avance, dès le début 2024, forçant les scientifiques à publier leur première prévision révisée de l’histoire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Soleil affiche aujourd’hui son plus grand nombre de taches solaires depuis plus de vingt ans. Les éruptions de classe X – les plus puissantes que notre étoile puisse produire – battent tous les records de fréquence.
Cette hyperactivité se ressent directement sur Terre. Les tempêtes géomagnétiques se multiplient, perturbant notre champ magnétique planétaire avec une intensité inédite. L’événement le plus spectaculaire s’est produit en mai 2024 : une tempête géomagnétique « extrême » a illuminé le ciel d’aurores boréales visibles jusqu’aux latitudes tropicales, tout en causant plus de 500 millions de dollars de dégâts aux infrastructures.

Une menace technologique grandissante
Ce réveil solaire survient à un moment particulièrement critique de notre histoire. Jamais l’humanité n’a été aussi dépendante de technologies vulnérables aux caprices de la météorologie spatiale. Réseaux électriques, systèmes GPS, satellites de communication : autant d’infrastructures vitales que les tempêtes solaires peuvent paralyser en quelques heures.
Les conséquences d’une panne généralisée seraient catastrophiques. Transport aérien cloué au sol, communications interrompues, réseaux financiers paralysés : un scénario digne d’un film de science-fiction, mais qui relève désormais du domaine du possible.
L’étude de Jasinski prévient que cette intensité solaire pourrait devenir la nouvelle norme pour les décennies à venir, transformant ce qui était considéré comme exceptionnel en routine quotidienne.

L’énigme du comportement solaire
Malgré des décennies de recherche, le comportement à long terme du Soleil reste largement mystérieux. Les scientifiques maîtrisent relativement bien les cycles de 11 ans (cycle des taches solaires) et de 22 ans (cycle de Hale), mais les fluctuations s’étalant sur plusieurs décennies défient toute prédiction.
Une hypothèse évoque l’existence d’un cycle centenaire peu connu, appelé cycle de Gleissberg, qui pourrait expliquer cette résurgence. Mais les mécanismes précis qui gouvernent ces variations restent un mystère scientifique majeur.
« Les tendances à long terme sont beaucoup moins prévisibles et nous ne les comprenons pas encore complètement« , admet Jasinski.
Cette incertitude soulève des questions fondamentales sur notre capacité à anticiper les comportements futurs de notre étoile et à protéger efficacement nos sociétés technologiques des colères solaires.
