Il y a quelques années, le Japon avait mis en place une stratégie sur le long terme visant la décarbonation de la société par la production d’hydrogène. Cependant, le récent rapport d’un organisme expert en énergie a remis en question les premiers résultats affichés par le plan japonais.
Un rapport accablant
L’hydrogène fait de plus en plus parler de lui dans le cadre de la transition énergétique mondiale. Dernièrement, nous évoquions la Chine qui met actuellement toutes les chances de son côté pour s’approprier le marché de l’hydrogène vert, et ce, malgré quelques interrogations portant sur les moyens mis en œuvre pour assurer la dimension écologique de cette ressource.
Un autre pays asiatique a pris le virage de l’hydrogène : le Japon. En 2017, le pays du soleil levant a mis en place une stratégie sur le long terme afin de créer une « société de l’hydrogène ». Le but est assez simple : donner une dimension écologique à l’ensemble des activités, de l’économie et de la population du Japon tout en se plaçant parmi les leaders mondiaux concernant cette ressource.
Seulement, le Renewable Energy Institute (REI) a publié un rapport accablant sur le projet japonais en septembre 2022. Sans langue de bois, l’organisme estime que depuis le départ, le Japon se trompe complètement.
Zéro sur toute la ligne
Selon le REI, le plan hydrogène du Japon est un échec total et 70 % du budget de la décennie ont été dépensés dans de mauvaises idées. Pire encore, l’hydrogène ne permettra pas au pays de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et pourrait même causer une augmentation. Alors que certains pays ont compris que les caractéristiques de cette ressource en qualité de carburant pourraient être efficaces d’un point de vue écologique dans certains cas (industries lourdes, transport maritime, etc.), le Japon a fait un tout autre pari. En effet, le projet concerne notamment les véhicules particuliers et les maisons alimentées en hydrogène, à l’image de la ville-prototype de Toyota dévoilée en 2020, la Woven City (voir ci-dessous). Le REI estime que les cellules résidentielles à hydrogène des foyers ne pourront atteindre qu’un cinquième de leurs objectifs initiaux et seulement un quarantième pour les véhicules fonctionnant à l’aide de cette ressource.
Par ailleurs, si les objectifs seront très loin d’être atteints, le Japon a malheureusement misé sur des ressources fossiles pour produire son hydrogène. Le REI rappelle que le pays a prévu une gazéification du charbon grâce à l’aide de partenaires australiens. Or, cette méthode est la pire existante pour l’environnement. En réalité, le Japon pensait se reposer dans un premier temps sur cet hydrogène « gris » avant de bifurquer sur des solutions écologiques dès 2030. Toutefois, il n’y a rien de concret pour l’instant et le retard du Japon est notable dans un contexte où l’hydrogène vert est de plus en plus plébiscité. Pour le REI, tout est à revoir dans ce projet qui, par son manque de profondeur, pourrait aller jusqu’à mettre à mal les objectifs environnementaux que le pays s’est fixé.