Un premier hybride « narval-béluga » identifié

Le crâne hybride. Crédits : Mikkel Høegh Post, Musée d'histoire naturelle du Danemark

Une récente analyse génétique a permis d’identifier le tout premier hybride narval-béluga. Le crâne reposait depuis une trentaine d’années dans un musée.

L’histoire commence de manière un peu tragique, au large de la côte ouest du Groenland. C’est un chasseur qui au départ, en 1990, identifia trois cétacés au physique inhabituel. L’homme en préleva un, puis remit son crâne au Muséum d’histoire naturelle du Danemark. La structure des ossements a alors mené les chercheurs à soupçonner qu’il ne s’agissait ni d’un narval ni d’un béluga, deux espèces communes dans la région, mais peut-être d’un hybride. Une récente analyse ADN vient aujourd’hui confirmer ces doutes. Les détails de l’étude sont publiés dans Scientific Reports.

Un père béluga, une mère narval

Une équipe de chercheurs de l’Université de Copenhague explique en effet avoir analysé du matériel génétique extrait des dents de l’animal. En comparant les résultats obtenus avec les génomes de huit bélugas et huit narvals originaires de la même région, ils ont déterminé que l’animal était un hybride, né d’un père béluga et d’une mère narval. Ils ont également relevé que le spécimen était un mâle, et qu’il était en bonne santé au moment de sa mort.

Les analyses des isotopes de carbone et d’azote dans le collagène osseux suggèrent par ailleurs un régime alimentaire différent de ses deux espèces parentes. Il semblerait en effet que cet hybride se nourrissait plus en profondeur, s’attaquant à des organismes vivants à proximité du fond marin.

narval béluga
Béluga (a) , Hybride (b), et Narval (c). Photo : Mikkel Høegh Post, Musée d’histoire naturelle du Danemark.

Un phénomène courant

Notons en effet que l’hybridation n’est pas rare chez les cétacés. Une équipe de biologistes confirmait l’année dernière, par exemple, avoir découvert au large des côtes de Kauai un animal hybride entre dauphin et baleine. Plus précisément, son père était un dauphin à dents rugueuses, et sa mère était un dauphin d’Électre (ou baleine à tête de melon).

Rappelons également l’histoire de ce jeune narval orphelin. Il a été repéré il y a quelques années, partageant sa vie avec un groupe de bélugas à l’est du Canada. Pour expliquer cet « exil » du narval, qui évolue normalement dans les eaux plus fraîches de l’Arctique, les chercheurs ont soupçonné que l’animal avait probablement fui la fonte des glaces liée au changement du climat. Ses proies se dirigeant vers le sud, le béluga n’aurait eu d’autre choix que de les suivre.

D’après les chercheurs, avec le réchauffement des températures, il est d’ailleurs probable que ces deux espèces apparentées (narval et béluga) se retrouvent de plus en plus fréquemment dans les décennies futures. Nous pourrions alors, pourquoi pas, tomber sur d’autres hybrides à l’avenir.

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