La Chine vient de franchir un nouveau cap dans sa course à la suprématie maritime avec la mise en service opérationnelle de sa deuxième frégate de type 054B. Baptisée Qinzhou (numéro de coque 555), cette nouvelle unité n’est pas un simple ajout à la flotte : c’est une plateforme technologique avancée, conçue pour la guerre moderne, et en particulier pour la traque des sous-marins nucléaires américains qui sillonnent les océans.
Quelques mois seulement après l’entrée en service du Luohe, première frégate de cette classe, le Qinzhou a déjà démontré ses capacités au combat lors d’exercices de tir réel en mer de Chine méridionale. Le message est clair : Pékin accélère sa militarisation navale, avec des navires pensés non seulement pour défendre ses eaux territoriales, mais aussi pour opérer loin de ses côtes, en haute mer.
Un bond technologique majeur
Par rapport à son prédécesseur, la frégate de type 054A, la version 054B marque une rupture significative. Le Qinzhou affiche un déplacement estimé entre 5 500 et 6 000 tonnes, et une longueur d’environ 150 mètres. Cette taille accrue lui permet d’embarquer un armement plus lourd, des capteurs plus sophistiqués et un équipage plus nombreux, estimé à 240–250 marins.
L’innovation la plus remarquable réside toutefois dans son système de propulsion. Contrairement à la configuration classique à moteurs diesel (CODAD) de la 054A, le Qinzhou est propulsé par un système entièrement électrique (FEP), alimenté par quatre moteurs diesel CS16V27 totalisant près de 29 mégawatts. Ce mode de propulsion réduit considérablement la signature acoustique du navire, un atout décisif pour la lutte anti-sous-marine (ASW), où le silence est une arme.
La vitesse maximale dépasse les 28 nœuds, et l’autonomie dépasse les 5 000 milles nautiques, ce qui permet au navire de mener des opérations prolongées loin des bases côtières chinoises.

Un arsenal calibré pour la chasse sous-marine
Conçue comme une frégate multi-rôle, la Type 054B excelle néanmoins dans la guerre anti-sous-marine. Elle dispose de deux systèmes sonar : un sonar monté à l’avant de la coque, et un sonar remorqué à l’arrière, capable de détecter des sous-marins à grande distance, même dans des conditions complexes.
L’armement reflète cette spécialisation : torpilles Yu-8, lanceurs triples pour torpilles de 324 mm, missiles de croisière YJ-18 pouvant également être configurés pour des frappes contre des cibles sous-marines, et un système de lancement vertical (VLS) de 32 cellules. À cela s’ajoutent des missiles sol-air HQ-16 pour la défense à moyenne portée, un système HQ-10 pour les menaces rapprochées, ainsi qu’un canon naval H/PJ-87 de 100 mm.
Le navire est aussi équipé d’un système CIWS (Close-In Weapon System) de 11 canons de 30 mm pour l’interception de missiles ou d’engins rapides à courte distance.
Un cerveau électronique au service de la supériorité navale
La frégate intègre également un système radar rotatif à double face, couplé à une technologie de mât radiofréquence similaire à celle utilisée sur les destroyers chinois de type 055. Cela améliore considérablement la détection aérienne et maritime, tout en renforçant la capacité de guerre électronique. Ce système peut brouiller ou perturber les capteurs adverses, offrant une protection supplémentaire contre les missiles ou les sous-marins hostiles.
Pour les opérations aéronavales, le Qinzhou dispose d’un pont d’envol et d’un hangar capables d’accueillir un hélicoptère de transport et de combat Z-20F, un équivalent chinois du Seahawk américain, utilisé pour les missions de reconnaissance, de lutte anti-sous-marine et de sauvetage.
Un avertissement à la marine américaine
Le moment choisi pour ce déploiement n’est pas anodin. Les eaux d’Asie-Pacifique voient depuis plusieurs années une augmentation significative de la présence navale américaine, notamment sous la forme de sous-marins nucléaires d’attaque et de porte-avions. Les frégates de type 054B, conçues pour évoluer en groupe avec d’autres navires de surface, joueront un rôle clé dans les futurs groupes d’attaque aéronavals chinois. Leur mission : traquer, dissuader et, si nécessaire, neutraliser les plateformes nucléaires américaines opérant dans la région.
Les tensions en mer de Chine méridionale, combinées aux ambitions croissantes de la Chine en matière de projection de puissance, font de ces frégates un outil stratégique central. Et bien que leur capacité à emporter des armes nucléaires reste théorique, leur armement conventionnel suffit à représenter une menace sérieuse pour tout adversaire naval, y compris les États-Unis.