gel organes
Crédits : Alena Butusava/istock

Un pansement révolutionnaire ? Ce gel injectable pourrait stopper les hémorragies là où la chirurgie échoue !

Imaginez un gel injectable capable de colmater instantanément une plaie dans un poumon perforé ou une artère déchirée, sans points de suture, sans agrafes, et sans bloquer le mouvement naturel des tissus. Ce n’est pas un concept de science-fiction, mais une innovation bien réelle, mise au point par une équipe de chercheurs de l’Université de Californie à San Diego.

Leur solution ? Un hydrogel intelligent et ultraperformant, pensé pour s’adapter aux organes les plus délicats et dynamiques du corps humain. Et les résultats, obtenus dans des modèles précliniques, sont impressionnants.

Des tissus trop vivants pour être réparés facilement

Les chirurgiens le savent bien : réparer une blessure sur un poumon qui se gonfle et se dégonfle à chaque respiration ou sur une artère battante relève du défi. Les techniques classiques – sutures, agrafes, colles chirurgicales – sont soit trop rigides, soit trop lentes, soit peu fiables sur des surfaces humides et mouvantes. Le risque de perte de sang ou de complications est élevé.

Certains scellants existants, comme les colles à base de fibrine ou les cyanoacrylates, tentent de répondre à ce besoin. Mais ils présentent aussi leurs limites : risques de coagulation excessive, toxicité, manque de souplesse ou mauvaise adhérence.

Face à cette impasse, les chercheurs ont cherché à reproduire la souplesse et l’élasticité des tissus vivants avec un matériau capable de s’y coller solidement, même dans des conditions extrêmes. C’est ainsi qu’est né un nouveau type de scellant à base de tropoélastine humaine modifiée.

Le MeTro/SN : un gel souple, adhésif et hémostatique

Baptisé MeTro/SN, ce gel est un hydrogel à base de tropoélastine recombinante humaine, une protéine naturellement présente dans les tissus élastiques, combinée à des nanoplaquettes de silicate de Laponite, un agent qui stimule la coagulation et renforce la structure du matériau.

Injecté sous forme liquide, ce gel durcit en quelques secondes à la lumière visible, s’adaptant à la surface de la blessure sans l’endommager. Il agit à la fois comme pansement, adhésif chirurgical, et agent hémostatique.

Mais au-delà de l’ingéniosité chimique, ce sont surtout les résultats obtenus en laboratoire qui suscitent l’enthousiasme.

Des tests sur animaux très prometteurs

Les chercheurs ont évalué leur invention sur plusieurs modèles précliniques, notamment des lésions artérielles chez le rat et des perforations pulmonaires chez le porc, deux situations où l’étanchéité et la rapidité d’intervention sont vitales.

Résultats :

  • Sur tissu pulmonaire de porc, le MeTro/SN affiche une force d’adhésion de 23 kPa, contre 12 kPa pour le MeTro seul.

  • En test de pression, il résiste à 3,6 kPa de pression d’éclatement, mieux que tous les scellants commerciaux testés.

  • Dans un modèle d’amputation de queue de rat, il réduit la perte de sang de 91 % par rapport à la version sans nanoplaquettes, et de 99 % par rapport à un échantillon non traité.

  • Le temps de coagulation est réduit de 15 à 12 minutes, sans provoquer d’inflammation ni de réaction immunitaire indésirable, même après 28 jours d’implantation.

En clair : le MeTro/SN est plus fort, plus rapide, plus sûr, et parfaitement toléré par les tissus vivants.

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Marquage immunofluorescent des macrophages (CD68, vert) et des noyaux (DAPI, bleu) à l’interface hydrogel-tissu, sept jours après la fermeture d’incisions pulmonaires chez le rat. Crédit : Dr Mahsa Ghovvati

Un outil chirurgical du futur ?

Ce gel pourrait représenter une avancée majeure en médecine d’urgence et en chirurgie, notamment dans les situations où chaque seconde compte : traumatismes thoraciques, chirurgie cardiaque, hémorragies internes…

Il pourrait également être utilisé dans les interventions mini-invasives ou les environnements à accès difficile, remplaçant partiellement les points de suture, réduisant les complications post-opératoires et accélérant la guérison.

Vers des tests cliniques humains ?

Même si ces résultats sont encore au stade préclinique, ils ouvrent la voie à des essais cliniques humains dans un avenir proche. L’innocuité et la performance du MeTro/SN laissent entrevoir un fort potentiel de transformation de la pratique chirurgicale.

Cette innovation n’est pas qu’un simple progrès technique : c’est peut-être la naissance d’une nouvelle génération de « pansements intelligents », capables de réparer nos tissus les plus fragiles sans les agresser, avec une efficacité chirurgicale inédite.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.