Un observatoire sous-marin, utilisĆ© Ć des fins de surveillance dans la mer Baltique, a mystĆ©rieusement disparu. Certains accusent des pillards, dāautres les autoritĆ©s russes.
Lāobservatoire Boknis Eck, installĆ© depuis finĀ 2016 Ć 22 mĆØtres de profondeurĀ au large de la baie dāEckernfƶrde, au nord de Kiel en Allemagne et au sud de la frontiĆØre danoise, a mystĆ©rieusement disparu. Co-gĆ©rĆ© par le Centre de recherche ocĆ©anographique GEOMAR Helmholtz Kiel et le Centre Helmholtz Geesthacht (HZG), lāinstallation a en effet brusquement cessĆ© dāĆ©mettre des donnĆ©es le 21 aoĆ»t dernier. AprĆØs quelques heures de flottement, des plongeurs ont Ć©tĆ© dĆ©pĆŖchĆ©s sur place, constatant avec Ć©tonnement que tout avait disparu. Ou presque.
Ā«āAu dĆ©but, nous avons pensĆ© Ć une erreur de transmission, explique Hermann Bange, coordinateur du projet pour lāobservatoire Boknis Eck. Mais lorsque les plongeurs ont atteint le fond de la mer, ils nāont trouvĆ© quāun cĆ¢ble terrestre arrachĆ©. Il Ć©tait complĆØtement dĆ©chiquetĆ©āĀ».
Une histoire de pillageā?
Plusieurs hypothĆØses ont Ć©tĆ© avancĆ©es au dĆ©part. Celle des courants, dāune tempĆŖte ou mĆŖme des animaux marins. Mais toutes ces explications ont rapidement Ć©tĆ© Ć©cartĆ©es en raison du poids de lāobservatoire (deux bĆ¢tis pesant au total 740 kilos). Pour les autoritĆ©s, la piste du pillage reste la plus plausible. Si aucun bateau nāest autorisĆ© Ć frĆ©quenter la zone, il est en revanche possible quāun groupe dāindividus ait rĆ©ussi Ć passer inaperƧu.
Nous savons en effet que le pillage dāanciens navires submergĆ©s reste aujourdāhui une entreprise trĆØs lucrative. Les plongeurs sāintĆ©ressent particuliĆØrement au mĆ©talĀ pour le revendre. Il se peut que la mĆŖme chose se soit produite ici. On estime la valeur des instruments scientifiques disparus Ć un peu moins de 300Ā 000Ā euros.
La Russie pointƩe du doigt
Certains accusent Ć©galement la marine russe, qui dispose aujourdāhui dāune importante flotte de sous-marins. Un rĆ©cent rapport de lāAtlantic Concil confirmait de son cĆ“tĆ© il y a peu que lāEurope du Nord, et en particulier la rĆ©gion de la mer Baltique, Ć©tait Ā«ādevenue une zone de friction critique entre lāOTAN et une Russie affirmĆ©e qui cherche Ć modifier la sĆ©curitĆ© europĆ©enne en sa faveurāĀ». Si la Russie est effectivement impliquĆ©e, sāagissait-il simplement dāune manÅuvre visant Ć perturber lāOuest, ou souhaitait-elle empĆŖcher lāobservatoire de dĆ©tecter quelque choseā?
Ce ne sont ici que des suppositions. La police allemande mĆØne actuellement une enquĆŖte. En attendant, les chercheurs – en plus de pleurer la disparition de leurs instruments – dĆ©plorent Ć©galement (et surtout) la perte de leurs donnĆ©es. La station recueille en effet tout un tas dāinformations sur son environnement (tempĆ©rature de lāeau, teneur en Ć©lĆ©ments nutritifs, salinitĆ©, ou encore concentrations en chlorophylle et en mĆ©thane). Ces paramĆØtres permettent de surveiller la santĆ© de lāĆ©cosystĆØme de la mer Baltique. Cāest notamment grĆ¢ce Ć ces donnĆ©es que les chercheurs peuvent anticiper dāĆ©ventuels problĆØmes et mettre en place des solutions. Ils sont aujourdāhui aveugles.
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