Un lien entre les bactéries sur notre langue et le cancer du pancréas ?

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Une récente étude révèle des différences de populations de certaines bactéries évoluant sur la langue, distinguant les patients atteints d’un cancer du pancréas précoce d’individus sains. La recherche pourrait à terme permettre de diagnostiquer la maladie à un stade plus précoce.

Le cancer du pancréas est l’un des plus meurtriers, entraînant la mort de plus de 300 000 personnes par an dans le monde et touche près de 12 000 Français chaque année. Meurtrier, car vicieux. La maladie se propage durant les premiers stades sans pour autant déclarer de symptômes particuliers. Résultat : il est souvent bien trop tard lorsque le diagnostic est enfin posé. Comment s’y prendre alors pour tenter de révéler la maladie le plut tôt possible, permettant ainsi de maximiser les chances de survie ? La réponse pourrait nous venir de la médecine traditionnelle chinoise. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Oral Microbiology.

Les microbes de notre langue

En Chine, de nombreux praticiens se basent en effet sur l’aspect de la langue de leurs patients pour estimer leur état de santé. Une équipe de chercheurs chinois est donc partie de cette idée pour tenter d’évaluer si un lien pouvait être établi entre la composition du biome de notre langue, et le cancer du pancréas. Grâce aux techniques modernes de séquençage de l’ADN, les chercheurs ont alors comparé les microbiomes de la langue de 55 sujets, dont 30 présentaient des symptômes de la maladie. On a également demandé aux participants de ne prendre aucun traitement ou médicament dans les trois mois précédant l’étude, dans le but de ne pas altérer la composition microbienne de chaque langue.

cancer cellule
Une cellule cancéreuse. Crédits : iStock

Un lien établi, mais plus de recherches nécessaires

Et les résultats suggèrent effectivement un lien. Les patients souffrant d’un cancer du pancréas présentaient sur leur langue des niveaux de quatre types de bactéries nettement supérieurs que sur celle des patients sains : Leptotrichia, Fusobacterium, Haemophilus et Porphyromonas. Pour les chercheurs, il pourrait s’agir d’une réponse inflammatoire du corps, qui réagit au développement du cancer. Il y a donc visiblement un lien, mais d’autres études seront nécessaires sur des échantillons plus larges, dans le but d’établir et de mieux caractériser cette apparente relation.

Ces résultats restent tout de même prometteurs. « Bien que d’autres études de confirmation soient nécessaires, nos résultats s’ajoutent aux preuves de plus en plus nombreuses d’un lien entre les perturbations du microbiome et le cancer du pancréas, note Lanjuan Li, de l’Université de Zhenjiang et principale auteure de l’étude. Si d’autres études confirment ces associations, cela pourrait potentiellement conduire à la mise au point de nouveaux outils de diagnostic précoce ou de prévention de la maladie fondés sur le microbiome ».

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Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.