Un iceberg géant de 1 636 kilomètres carrés s’est détaché en Antarctique

Une fissure dans la banquise en Antarctique. Crédits : Richard COLEMAN

Un iceberg grand comme 15 fois Paris s’est détaché il y a quelques jours de la barrière de glace d’Amery, en Antarctique. Un phénomène tout à fait naturel, qui n’a cette fois rien à voir avec le réchauffement climatique.

Un iceberg de 1 636 kilomètres carrés pour 210 mètres d’épaisseurs, pesant plus de 350 milliards de tonnes, s’est détaché de son point d’ancrage en Antarctique, entre le 24 et 25 septembre derniers. La structure a pris ses distances avec la banquise Amery, la troisième plus grande plate-forme flottante du continent. La région n’avait pas connu un tel vêlage depuis les années 1960, date à laquelle un iceberg de 9 000 kilomètres carrés s’était détaché.

L’iceberg se dirige maintenant lentement vers l’ouest, menaçant éventuellement quelques navires qui pourraient croiser son chemin. Mais c’est à peu près le seul danger que représente cet événement.

Un phénomène tout à fait naturel

Ce vêlage résulte en réalité d’un phénomène tout à fait naturel. Au fil du temps, des glaciers coulent de la terre vers la mer, formant ainsi des plateformes de glace flottantes. En l’occurrence ici, la banquise Amery. L’accumulation de neige entraîne alors parfois la fracturation de ces plateformes, amenant certains morceaux à se détacher.

« Les barrières de glace doivent perdre de la masse car elles sont constamment en train d’en gagner. Elles veulent conserver leur taille, explique en effet Helen Amanda Fricker, professeure au centre d’océanographie Scripps à l’université de Californie San Diego. Cet événement fait donc partie du cycle normal de la banquise, et même si l’Antarctique suscite aujourd’hui beaucoup d’inquiétudes, il n’y a pas de quoi s’inquiéter ici« .

Cet événement n’a donc rien à voir avec la hausse des températures. Et cet iceberg, flottant déjà dans l’eau, n’aura donc aucun effet sur la hausse du niveau de la mer. « Il est vraiment important que le public ne s’embrouille pas et ne pense pas qu’il s’agisse d’un événement lié au changement climatique« , poursuit la chercheuse.

À gauche : la plate-forme de glace d’Amery le 20 septembre 2019. À droite: l’iceberg s’éloignant de la banquise le 25 septembre 2019. Crédits : Copernicus / Sentinel / Scripps

Une glace de plus en plus vulnérables

Mais si cet événement n’a rien à voir avec le réchauffement de la planète, il ne faut pas oublier que de nombreux vêlages sont au contraire très influencés. C’est notamment le cas en Antarctique occidentale, avec le Glacier de l’île du Pin, qui semble se creuser de plus en plus. Alors qu’on observait une vaste opération de vêlage tous les six ans environ il y a quelques décennies, d’imposants icebergs semblent aujourd’hui se détacher tous les deux ans.

Sue Cook, de l’Institut des études marines et antarctiques (IMAS), a déclaré s’attendre à ce que le nombre d’icebergs augmente à l’avenir en raison du changement climatique. « Plusieurs processus vont se produire, a t-elle expliqué. Au fur et à mesure que les eaux autour de l’Antarctique se réchaufferont, elles commenceront à éclaircir les glaces et à les rendre plus vulnérables à la rupture« .

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