Il y a quelques jours, des marins naviguant dans sud-ouest du Pacifique ont remarqué une étrange structure flottant à la surface de l’océan. En récupérant quelques morceaux, et en reniflant les odeurs, ils ont vite compris qu’il s’agissait en réalité de pierres volcaniques, expulsées des profondeurs.
Au large des côtes des Fidji, des marins naviguant à bord d’un catamaran ont remarqué à la surface de l’eau la formation d’un vaste « radeau » composé de roches volcaniques. Celui-ci, d’après les relevés satellites effectués par la suite, s’étendrait sur plus de 150 kilomètres carrés. Ce qui représente environ 20 000 terrains de football. Ces roches, la plupart pouvant tenir dans la main, semblaient remplies de trous et de poches de gaz piégés leur conférant une flottabilité dans l’eau. Et, au passage, une forte odeur de sulfure d’hydrogène. De nombreuses images ont depuis été prises, dont celles du volcanologue Simon Carn, de la Michigan Technological University. On y découvre alors un gigantesque radeau de pierre ponce se déformant au gré des vagues.
The unusual sound of sailing through a sea of volcanic glass – the marine analog of flying through a volcanic ash cloud (but less hazardous). Probably highly abrasive and not good for the paintwork.. https://t.co/Tm8PGSXehg
— Simon Carn (@simoncarn) August 18, 2019
Le fruit d’une éruption sous-marine
Ces structures sont en réalité le résultat d’une importante éruption sous-marine, survenue probablement quelques jours plus tôt. Après analyses, des chercheurs ont réussi à isoler le suspect : un volcan qui, pour le moment, n’a pas de nom. Vous le retrouverez près de l’archipel des Tonga, à environ 40 mètres de profondeur. Lors de son réveil, le volcan aurait émis un magma riche en silice qui, en se refroidissant rapidement, aurait formé de la pierre ponce.
Notez que ce n’est pas la première fois que ce suspect est appréhendé. Il s’était déjà illustré en 2001 avec la formation d’un premier « radeau » de pierres ponces naturelles dans la région. Le fait qu’il récidive devrait normalement mener les chercheurs à finalement le baptiser.
Un coup de pouce pour les coraux
Ce radeau, en mouvement, devrait poursuivre sa route au cours des prochaines semaines. Il devrait atteindre quelques îles sur le chemin menant à la côte est australienne, gênant au passage quelques pêcheurs. Il ne constitue en revanche aucun danger pour les populations humaines locales, et devrait même être bénéfique à la faune environnante. Pour la Grande barrière de corail, notamment. Les chercheurs soulignent en effet que ce type de formation représente un habitat favorable et un moyen de transport pour des millions d’organismes marins. Dont des coraux.
« Chaque pierre ponce est comme sa propre petite île », relève en effet Scott Bryan, géologue de la Queensland University of Technology. Ce radeau pourrait permettre de « repeupler la Grande barrière de corail », qu’il atteindra d’ici la fin novembre. Juste à temps pour les grands événements de frai des coraux. Voyons cela comme un petit coup de pouce de la nature dont ces organismes avaient cruellement besoin.
Articles liés :