Un énorme iceberg vient de se détacher en Antarctique

Crédits : @tom_bike / SentinelHub.

Ce dimanche, entre 20 heures et 21 heures (heure française), un vaste iceberg s’est détaché de la plateforme glaciaire de Brunt située à l’est de l’Antarctique. Selon les glaciologues, ce phénomène fait partie intégrante du comportement naturel de la barrière de glace et n’est pas attribuable au changement climatique.

Avec une surface d’environ 1550 kilomètres carrés et une épaisseur de 150 mètres, l’iceberg fait quinze fois la taille de Paris et quasiment celle du Grand Londres. Cet événement de vêlage est survenu lors d’une marée de printemps qui a déstabilisé la structure, seulement un an après qu’un iceberg d’une surface de 1270 kilomètres carrés (A74) se soit détaché de cette même plateforme.

« Le nouvel iceberg (…) est légèrement plus grand que A74 », rapporte le British Antarctic Survey (BAS) dans un communiqué publié ce lundi. « Il devrait suivre la trajectoire de A74 à travers le courant côtier de l’Antarctique et les glaciologues du BAS suivront son déplacement. Un nom lui sera donné par le National Ice Center des États-Unis ».

Situation au 22 janvier 2023. On repère entre autres l’emplacement de la station de recherche britannique Halley VI et la fissure responsable du détachement de l’iceberg (Chasm-1). Crédits : British Antarctic Survey.

Un vêlage d’iceberg impressionnant, mais attendu

La dislocation d’une partie de la barrière de Brunt n’est cependant pas une surprise. En effet, il y a dix ans, les chercheurs repéraient déjà la présence d’importantes fissures qui n’ont cessé de gagner en étendue et en profondeur au fil des années. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 2016, la station de recherche Halley VI située sur la plateforme a été déplacée de vingt-trois kilomètres vers l’intérieur des terres.

L’animation ci-dessous montre l’évolution de la partie instable de la plateforme de Brunt entre 2018 et 2022. On identifie le développement de la fissure responsable de la libération de l’iceberg. Cette fracture a été nommée Chasm-1, ce qui veut dire « gouffre » en anglais. Alors qu’elle était stabilisée depuis au moins trente-cinq ans, les observations satellitaires ont révélé une reprise d’activité en 2012, un réveil confirmé quelques années plus tard par des observations radar menées sur place.

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Crédits : @kosmi64833127 / SentinelHub.

« Cet événement de vêlage était attendu et fait partie du comportement naturel de la plateforme de Brunt, il n’est pas lié au changement climatique », rapporte Dominic Hodgson, glaciologue au British Antarctic Survey. « Nos équipes scientifiques et opérationnelles continuent de surveiller la plateforme en temps réel pour s’assurer qu’elle est sûre et pour maintenir les activités scientifiques que nous entreprenons à Halley ».

Notons pour l’anecdote que c’est grâce aux mesures réalisées depuis 1956 à la station de Halley que les scientifiques ont pu mettre en évidence la présence d’un trou dans la couche d’ozone. Cette découverte survenue en 1985 a rapidement été suivie d’une réponse politique internationale avec la signature du protocole de Montréal en 1987.