Un diadème d’argent invite à reconsidérer le pouvoir des femmes à l’âge du bronze

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Crédits : Universitat Autònoma de Barcelona

Un diadème en argent coiffé sur la tête d’une femme enterrée il y a plus de 3 700 ans dans le sud de l’Espagne invite les archéologues à reconsidérer la répartition du pouvoir dans les sociétés européennes de l’âge du bronze.

Il y a environ 3 700 ans, un homme et une femme ont été placés ensemble dans un pot en céramique de forme ovoïde, avant d’être enterrés sous le sol d’un vaste complexe perché sur une colline. Vous les retrouverez dans la région de Murcie, en Espagne, sur l’un des sites archéologiques associés à la culture d’El Argar du début de l’âge du bronze (2200 av. J.-C. à 1500 av. J.-C.).

À l’intérieur de cette tombe, les chercheurs ont retrouvé de nombreux objets de valeur. Nous savons qu’ils ont également été enterrés sous le sol d’une grande salle équipée de longs bancs longeant les murs et d’un podium se tenant devant un foyer. L’espace était assez grand pour contenir environ cinquante personnes. D’après les auteurs, cette grande salle était jadis un « bâtiment politique ».

Ces indices laissent à penser que ces deux personnes étaient à leur époque des membres de la classe supérieure argarique. Et des deux, la femme a peut-être été la plus importante.

Un incroyable diadème en argent

D’après les analyses, cette femme est décédée vers l’âge de vingt ans (probablement de la tuberculose). Nous savons également qu’elle souffrait d’anomalies congénitales (colonne vertébrale raccourcie et pouce gauche un peu chétif).

Sur et autour de son corps se trouvaient de nombreux objets en argent, dont un bracelet, des écarteurs, une bague, ainsi que trois plaques d’argent fixées sur son poinçon en bois de chêne (symbole de la féminité).

Mais l’objet le plus impressionnant reste ce diadème, lui aussi en argent, toujours coiffé sur sa tête. « Imaginez un serre-tête avec un disque descendant jusqu’au bout de son nez », explique Cristina Rihuete Herrada, de l’Université autonome de Barcelone.

Visible en photo d’en-tête, il apparaît fatigué par le temps, mais à son époque, son allure était très différente. « Cet objet aurait tellement brillé que vous auriez pu voir votre reflet à l’intérieur de ce disque », poursuit la chercheuse. Seuls six ont été découverts dans des tombes argariques.

De son côté, l’homme n’est pas en reste. Décédé dans la trentaine, il a également été enterré avec ses propres parures, y compris des écarteurs en or dans ses oreilles, une bague en argent et un poignard en cuivre. À noter enfin que le couple a eu au moins un enfant ensemble. Sa dépouille est enterrée sous un bâtiment voisin.

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L’intérieur de la tombe. La femme portant le diadème est à droite. Crédits : Universitat Autònoma de Barcelona

La femme au pouvoir ?

Nous savons que la culture argarique était une société d’État, avec une bureaucratie au pouvoir, des frontières géopolitiques et des centres urbains. Nous savons également qu’il y avait des distinctions de classes.

Ceci dit, alors que la plupart de ces systèmes ont longtemps été considérés comme patriarcaux, cette nouvelle inhumation amène les archéologues à reconsidérer la question. Cette femme au diadème d’argent était-elle au pouvoir ? A-t-elle partagé le pouvoir avec son compagnon ?

Difficile à dire pour le moment. D’après le Dr Rihuete Herrada, ces deux personnes détenaient peut-être un pouvoir différent : les femmes avaient le pouvoir politique et décisionnel, tandis que les hommes contrôlaient l’armée. Ce ne serait pas une première.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Antiquity.