Depuis plusieurs décennies, le Japon est confronté à un déclin démographique sans précédent. Hiroshi Yoshida, professeur au Centre de recherche sur l’économie et la société des personnes âgées à l’Université de Tohoku, a réalisé une projection qui fait froid dans le dos : si cette tendance se poursuit, le pays pourrait n’avoir qu’un seul enfant de moins de 14 ans d’ici le 5 janvier 2720. Une situation qui illustre la gravité de la crise démographique au Japon.
Une horloge conceptuelle pour mesurer la disparition des enfants
Pour sensibiliser la population et les décideurs à cette réalité, Hiroshi Yoshida a conçu une horloge démographique. Cet outil innovant calcule en temps réel le nombre d’enfants de moins de 14 ans vivant au Japon.
Chaque seconde qui passe, cette horloge illustre le déclin continu de la population infantile, basé sur des données officielles du Bureau japonais des statistiques. Elle met en évidence une tendance alarmante : entre 2023 et 2024, le nombre de naissances a encore chuté, passant à 350.074 pour les six premiers mois de l’année 2024, soit une baisse de 5,7 % par rapport à 2023.
Une tendance démographique à long terme
Cette situation n’est pas un phénomène ponctuel. Selon les projections, la population totale du Japon pourrait passer de 121 millions en 2023 à seulement 80 millions d’ici 2100. Ce déclin s’explique par plusieurs facteurs :
- Baisse des mariages : Les Japonais se marient moins et plus tard, ce qui réduit la durée fertile des couples.
- Augmentation du nombre de célibataires : Une part importante de la population choisit de ne pas se marier ou d’avoir des enfants.
- Conditions économiques : Le coût élevé de l’éducation et du logement dissuade de nombreux foyers de s’agrandir.
Comparaison avec d’autres pays
Le déclin des naissances n’est pas propre au Japon. En France, par exemple, le nombre de naissances a diminué de manière significative entre 2022 et 2023, passant de 726.000 à 678.000. Cependant, la situation reste moins critique que celle du Japon, où les projections à long terme montrent une population vieillissante et décroissante à une échelle dramatique.
Pays | Naissances 2023 | Variation annuelle |
---|---|---|
Japon | 350.074 (H1) | -5,7 % |
France | 678.000 | -6,6 % |
Allemagne | 700.000 (estim.) | Stable |
Des initiatives pour inverser la tendance
Face à cette crise, les autorités japonaises multiplient les initiatives. Une des mesures phares est le lancement d’une application de rencontres soutenue par le gouvernement de Tokyo. Cette plateforme vise à encourager les mariages en réduisant les barrières sociales et en créant des opportunités de rencontre pour les jeunes adultes.
Le site web de l’application affiche un message clair : « Le mariage est un choix personnel, mais nous encourageons ceux qui envisagent cette étape à franchir le pas, pour bâtir un avenir collectif meilleur. » Cette démarche s’inscrit dans un effort global visant à réduire le fossé entre les intentions et les réalisations en matière de natalité.

Quels enseignements pour le reste du monde ?
Le Japon est souvent considéré comme un laboratoire des enjeux démographiques mondiaux. Alors que des pays comme la France ou l’Allemagne commencent à ressentir les effets de la baisse des naissances, les initiatives japonaises pourraient servir d’exemple ou d’avertissement.
Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron a récemment évoqué la nécessité d’un « réarmement démographique » pour contrer cette tendance. Si des solutions comme les applications de rencontres sponsorisées par le gouvernement venaient à se multiplier, cela pourrait bien s’avérer un tournant pour les politiques natalistes.
Vers une prise de conscience globale
La crise démographique japonaise n’est pas qu’une statistique. Elle incarne les défis sociétaux et économiques d’un pays face à des transformations profondes. Alors que le Japon continue de décroître, il devient crucial pour les nations du monde entier d’examiner les causes, les conséquences et les solutions possibles à un déclin démographique global.
Pour en savoir plus, consultez les ressources du Bureau japonais des statistiques et l’article du The Independent.