Un auto-test ADN controversé autorisé à la commercialisation aux États-Unis

Crédits : Maggie Bartlett, NHGRI

Un auto-test ADN controversé est finalement autorisé à la commercialisation par l’Agence américaine du médicament. Il s’agit d’un moyen de déterminer le risque de transmission de maladies génétiques.

Le syndrome de Bloom est une maladie génétique héréditaire impliquant pour les personnes atteintes, un retard pré et post natal ainsi que des rougeurs intenses face à toute exposition au soleil, surtout au visage. Causant diabète, infections articulaires ou pulmonaires de manière fréquentes, cette maladie rendrait également les hommes stériles et les femmes ménopausées prématurément. Les patients atteints par le syndrome de Bloom ont une incidence de cancer très élevée, constituant la principale cause de mortalité. À ajouter à cette liste, la présence habituelle de troubles de l’apprentissage. Mounira Amor-Guéret, directrice de recherche 1ère classe au CNRS en donne une définition plus complète et plus technique.

L’Agence américaine du médicament (FDA) a autorisé la commercialisation d’un auto-test d’ADN controversé. Ce test a été développé par 23andme, un groupe de biotechnologie dont l’un des investisseurs est Google.

L’auto-test est désormais en vente libre aux États-Unis, et ce depuis le 19 février 2015. Il prend la forme d’un kit permettant l’analyse du génome grâce à un test salivaire. Ce test concernerait donc deux parents désirant connaitre les probabilités de transmissions de maladies par la génétique à leur enfant.

Cependant, le test était déjà en vente en 2013 comme simple produit de consommation sans autorisation d’ordre médicale et rencontrait un succès non négligeable. En fin d’année, la FDA avait demandé son retrait de la vente aux États-Unis, considérant qu’il relevait des équipements médicaux, mais surtout qu’aucune étude valable ne prouvait une quelconque efficacité. Pire, la FDA pointait des risques de faux résultats pouvant avoir comme conséquence pour le patient l’adoption d’un traitement inadapté ou encore le fait de passer à côté d’un vrai dépistage de la maladie.

En 2015, la FDA change d’avis sur la question et semble convaincue de l’efficacité du test par le biais d’un communiqué déclarant notamment que le test est « en mesure de renseigner les utilisateurs sur d’éventuelles mutations de leurs gènes, susceptibles d’être transmises à leurs enfants ».

Il ne semble pas que les preuves manquantes à la FDA depuis 2013 ont été apportées, mais en deux ans, la firme 23andme créée par Anne Wojcicki, ancienne épouse de l’un des cofondateurs de Google, est devenue partenaire de groupes pharmaceutiques tels que Roche et Pfizer.

L’auto-test, déjà vendu depuis 2014 au Canada et au Royaume-Uni ne passeras surement pas les frontières de l’hexagone. Dans notre pays, le dépistage génétique est strictement encadré par le Code Civil, plus précisément le Code de la Santé publique :

« L’étude génétique des caractéristiques d’une personne ne peut être entreprise qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique », et « uniquement par des praticiens agréés à cet effet par l’Agence de la biomédecine ».

Sources : Pourquoi DocteurCourrier International

– Crédits photo : Maggie Bartlett, NHGRI