Des ultrasons pour détruire les tumeurs, une technique prometteuse

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Les auteurs de l'étude bricolent avec un réseau d'ultrasons utilisé pour cibler les tumeurs. Crédits : Marcin Szczepanski/Michigan Engineering

Des chercheurs de l’Université du Michigan ont exploré la manière dont la technique ciblée des ultrasons pouvait se combiner avec les défenses immunitaires d’un organisme pour éliminer les tumeurs en deux temps. Des expériences menées sur des rongeurs ont livré des résultats prometteurs.

La MCI et quel est son rôle dans le traitement du cancer

De nombreux efforts sont déployés pour développer des traitements contre le cancer. Les approches standards actuelles, telles que la chimiothérapie ou l’immunothérapie, ralentissent souvent la progression de la maladie, mais ont rarement de véritables effets curatifs. Dans ce contexte, la Mort Cellulaire Immunogène (MCI) se présente comme une méthode alternative prometteuse.

La MCI est un type de mort cellulaire qui a pour conséquence de déclencher une réponse immunitaire dans l’organisme. Il ne faut pas la confondre avec la mort cellulaire programmée, comme l’apoptose, qui est le moyen utilisé par le corps pour tuer les cellules indésirables ou nuisibles. En effet, ce type de mort cellulaire est isolé et ne provoque aucune réponse immunitaire.

Apparu vers 2005 comme un nouveau champ d’exploration, il a été découvert que la MCI impliquant des cellules cancéreuses induisait une réponse immunitaire spécifique. Autrement dit, les cellules cancéreuses mourantes agiraient comme un vaccin, provoquant une réponse immunitaire capable de détruire la charge tumorale.

Plus récemment, une équipe de chercheurs de l’Université du Michigan s’est tournée vers les ultrasons pour induire ce processus de MCI. Leurs travaux sont publiés dans la revue Cancers.

Ultrasons et MCI

L’idée d’utiliser les ultrasons pour cibler le cancer de manière non invasive gagne de plus en plus de terrain. Des études ont en effet déjà démontré comment ils pouvaient permettre d’administrer plus efficacement des médicaments ou encore de chauffer et détruire les tissus malades.

La technique, toujours en cours de développement, implique donc ici l’utilisation d’ondes ultrasonores délivrées en impulsions d’une microseconde aux tissus ciblés. Appelé histotripsie, le traitement conduit alors à la formation de petites bulles dans les tissus. Ces dernières se dilatent rapidement avant d’éclater, induisant un stress mécanique capable de tuer les cellules cancéreuses au point de démanteler la structure tumorale.

Des tests effectués sur des tumeurs du foie chez le rat ont montré que le corps des rongeurs était capable d’absorber sans danger les débris restants. Comme dit plus haut, les scientifiques pensent également que ces débris contiennent les ingrédients nécessaires permettant de stimuler la MCI. Ce faisant, l’équipe suggère qu’il serait possible de ne cibler qu’une partie d’une tumeur avec des ultrasons. Dès lors stimulé, le système immunitaire se chargerait ensuite d’éliminer le reste. Cela pourrait s’avérer utile dans les scénarios où une tumeur ne peut pas être ciblée dans son intégralité en raison de sa taille ou de son emplacement par exemple.

Pour ces expériences menées sur les rats, seulement 50 à 75 % des tumeurs du foie avaient été détruites avec la technique des ultrasons. En outre, les chercheurs n’ont souligné aucune preuve de récidive ou de métastase chez 80% des rats traités de cette manière.

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Le réseau d’échographie histotripsie développé par l’équipe. Crédits : Marcin Szczepanski/Michigan Engineering

Des résultats à confirmer

Notez enfin que les chercheurs soupçonnent que la destruction de ces tumeurs restantes est probablement le résultat de la mort cellulaire immunogène. En revanche, ils n’en sont pas encore certains. D’autres études seront donc nécessaires pour le confirmer et mieux appréhender tous les mécanismes en jeu.

Les prochaines étapes exploreront également comment la technique pourrait être adaptée pour traiter les tumeurs à différents stades de progression. Celles ciblées dans le cadre de cette étude étaient en effet toutes à un stade de développement précoce.