L’UE remplace le gaz russe par le GNL américain, un scénario négatif sur le plan environnemental

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Il y a peu, la Commission européenne et les États-Unis ont signé un accord pour un approvisionnement supplémentaire en gaz naturel liquéfié (GNL). Cette décision prise en raison du conflit en Ukraine a pour but de trouver une alternative au gaz russe. Pourtant, elle n’est pas vraiment profitable quant aux objectifs climatiques de l’UE.

Un accord controversé sur le plan environnemental

Il y a quelques semaines, nous évoquions le fait que l’Union Européenne n’avait pas vraiment d’alternatives aux énergies fossiles de Russie, le gaz naturel, le pétrole et le charbon. L’une des possibilités concernait le développement des capacités d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment en provenance des États-Unis. Or, l’UE et les États-Unis ont justement signé un important accord en marge du dernier sommet européen des 24 et 25 mars 2022.

Cet accord implique l’importation de quinze milliards de mètres cubes de GNL supplémentaires dès cette année, soit une augmentation de 70 %. De plus, ces importations devraient s’accroître progressivement pour finalement atteindre les cinquante milliards de mètres cubes d’ici 2030. L’objectif qu’affiche l’UE est très clair puisqu’il s’agit de se passer totalement de gaz russe d’ici à 2027.

Cependant, cette décision ne serait pas vraiment bénéfique sur le plan environnemental. En octobre 2021, le cabinet Carbone 4 avait en effet publié une analyse comparative de l’empreinte carbone de l’exploitation du gaz naturel et du GNL. L’infographie ci-dessous regroupe les principales données de cette analyse.

gaz GNL analyse infographie
Crédits : Carbone 4

Une empreinte carbone bien plus forte

Selon Carbone 4, le GNL émet 2,5 fois plus de CO2 équivalent que le gaz que l’on transporte par gazoduc. Rappelons que le gaz naturel fait l’objet d’une préparation (purification, puis liquéfaction) avant son transport en méthanier. Ensuite, le GNL est transporté par bateau avant de subir une regazéification. En somme, l’empreinte carbone du GNL des États-Unis est dix fois plus importante que celle du gaz naturel en provenance de Norvège ou des Pays-Bas.

Le GNL américain émet également deux fois plus de CO2 que le GNL russe en raison d’une plus grande distance parcourue. Toutefois, le mode d’extraction joue aussi un rôle. En effet, le GNL étasunien provient dans de nombreux cas de gaz de schiste que l’on extrait par fracturation hydraulique. Or, cette méthode est connue pour consommer beaucoup d’énergie et occasionner des rejets de méthane.

Pour Carbone 4, la décision de l’UE peut faire office de réponse à l’actuelle crise avec la Russie. En revanche, il s’agit d’une solution sur le court terme qui pourrait surtout mettre à mal les objectifs climatiques de l’union. En effet, l’UE avait affiché son intention de se passer complètement des énergies fossiles d’ici 2035.