De nouvelles observations de notre voisinage cosmique ont révélé une découverte fascinante : la bulle chaude locale qui entoure notre Système solaire et contient du gaz extrêmement chaud émettant des rayons X, possède ce que les chercheurs appellent un tunnel d’évacuation vers d’autres régions galactiques. Grâce aux données du télescope eROSITA, des scientifiques ont cartographié cette structure tridimensionnelle de gaz et ont découvert une connexion potentielle avec d’autres bulles cosmiques. Cette découverte pourrait radicalement transformer notre compréhension de l’environnement spatial proche et des processus dynamiques qui influencent le Système solaire.
Qu’est-ce que la bulle chaude locale ?
La bulle chaude locale (Local Hot Bubble ou LHB) est une région de gaz chaud et peu dense qui entoure notre Système solaire. Ce gaz, dont la température atteint des millions de degrés, émet des rayons X, ce qui en fait une source lumineuse unique dans le ciel.
Les chercheurs pensent que cette bulle a été créée il y a plusieurs millions d’années par des explosions d’étoiles massives en supernova. Ces explosions auraient libéré d’énormes quantités d’énergie qui chauffent et dilatent les gaz environnants jusqu’à former cette bulle à faible densité qui abrite notre Système solaire. Depuis cette époque, la LHB a constitué une sorte de cocon de gaz chaud qui nous isole partiellement du reste du milieu interstellaire.
La découverte d’un tunnel interstellaire
Récemment, des astronomes ont fait une découverte inattendue : ce cocon de gaz ne serait pas totalement clos. Ils ont mis en évidence l’existence d’un passage, ou tunnel interstellaire, qui semble relier la LHB à d’autres bulles de gaz chaud, formant ainsi un réseau dans la galaxie. Ce passage mène en direction de la constellation du Centaure et pourrait permettre une circulation des gaz et de l’énergie entre la LHB et une autre superbulle voisine.
Les scientifiques pensent que ce passage a probablement été creusé par l’influence de jeunes étoiles éruptives et de vents stellaires rapides. Cette connexion, jamais observée auparavant, pourrait transformer notre perception de l’environnement spatial local en le considérant comme un réseau interconnecté plutôt que des régions isolées.
Cette percée a été rendue possible grâce au télescope eROSITA, un puissant instrument de détection de rayons X situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre qui fait partie de la mission Spectrum-Roentgen-Gamma (SRG). Lancé en 2019, eROSITA est positionné en dehors de la géocouronne terrestre, ce qui signifie qu’il n’est pas affecté par les rayons X émis par la Terre elle-même. Grâce à sa vue dégagée et à ses instruments sensibles, il a pu cartographier le ciel dans des rayons X mous sans interférences.
La collecte des données a eu lieu pendant une période de faible activité du Soleil appelée minimum solaire, réduisant encore les perturbations. Les observations ainsi obtenues sont parmi les plus claires jamais réalisées du ciel en rayons X et ont permis d’analyser avec précision la structure et la température des gaz de la LHB.
Ce que cette découverte nous apprend sur notre voisinage galactique
L’existence de ce tunnel interstellaire montre que notre environnement spatial immédiat est loin d’être statique et cloisonné. En fait, notre Galaxie semble être parcourue par des corridors qui relient les régions de gaz chaud et froid. Ces corridors, influencés par les explosions d’étoiles et les jeunes étoiles en formation, permettent aux gaz et à l’énergie de circuler dans toute la galaxie. Ce modèle de circulation interconnectée offre une nouvelle perspective sur la manière dont les structures galactiques évoluent et interagissent.
Les phénomènes de rétroaction stellaire, qui incluent les supernovae et les vents stellaires, jouent donc un rôle majeur en façonnant ces tunnels. En s’échappant de ces bulles locales, les gaz chauds réchauffent et modifient les zones voisines, influençant ainsi les futures formations d’étoiles et la composition de notre galaxie.
Des découvertes futures pourraient révéler encore plus de détails sur ce réseau mystérieux de gaz interstellaire, ce qui transformerait ainsi notre compréhension de l’évolution cosmique à grande échelle.
Vous pouvez explorer le modèle 3D de notre quartier solaire réalisé par l’équipe ici.