Pour trouver la vie sur Mars, regardez sous terre

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La recherche de signes de vie sur Mars a-t-elle besoin d’être repensée ? Oui, affirment des chercheurs dans une nouvelle étude. Selon eux, pour trouver de la vie sur Mars, il faut regarder sous terre.

Pour trouver des traces de vie passée, les chercheurs se penchent sur les sédiments d’origine hydrique qui peuvent être accumulés, comme dans le lit de cet ancien lac découvert par Curiosity dans le cratère Gale, large de 154 kilomètres. Sur la Terre, de tels habitats ont préservé des preuves abondantes de vie ancienne – mais cela ne signifie pas que la même chose se vérifiera sur la planète rouge – selon l’équipe d’étude dirigée par Joseph Michalski, professeur agrégé au Département des sciences de la terre à l’Université de Hong Kong.

« Mars n’est pas la Terre », écrivent les chercheurs dans l’étude publiée dans Nature Geoscience. « Nous devons reconnaître que toute notre perspective sur l’évolution de la vie et la préservation des preuves de vie passée est colorée par le fait que nous vivons sur une planète où la photosynthèse a eu le temps d’évoluer », peut-on lire. « Si la photosynthèse a effectivement évolué sur Mars, des questions demeurent quant à la réussite de la vie en surface, et si les preuves de cette vie auraient pu être capturées dans les archives sédimentaires ».

Le Cratère Gale à la surface de Mars
Crédits : NASA

Sur Terre, la vie est apparue il y a environ 4 milliards d’années, mais elle a vraiment commencé à se développer environ 1,5 milliard d’années plus tard, après que les cyanobactéries eurent développé une photosynthèse produisant de l’oxygène. Cet oxygène aura conduit à la formation d’une couche d’ozone atmosphérique qui protégeait alors la vie en surface des rayonnements ultraviolets nocifs. Cette innovation évolutive a donc permis aux organismes de coloniser les environnements de surface. Mais le timing est ici important, notent les chercheurs.

Mars était autrefois relativement chaude et humide. Mais il y a 4 milliards d’années, l’intérieur de la planète rouge s’est suffisamment refroidi pour que sa dynamo magnétique s’arrête, entraînant ainsi la perte de son champ magnétique global. De son côté la Terre a toujours un champ magnétique, car notre planète est 10 fois plus massive que Mars et n’a donc pas autant refroidi. Ce champ magnétique servait jadis à protéger l’atmosphère de Mars contre le vent solaire et le flux de particules chargées. Sa perte aura donc mené à l’effeuillage de cette atmosphère autrefois épaisse et à la transformation de la planète en désert sec et froid.

Ainsi, pour que la vie en surface ait eu le temps de se développer – et d’être préservée dans les gisements lacustres – la photosynthèse aurait probablement dû évoluer au moins 1 milliard d’années plus tôt sur Mars que sur Terre. Compliqué, selon les chercheurs. Ceux-ci préconisent donc de prioriser l’étude de zones où la vie souterraine aurait pu jadis s’emparer des environnements martiens, tels que les anciens systèmes hydrothermaux.

Un tel raisonnement pourrait avoir des implications pour la prochaine mission de la NASA sur la planète rouge en 2020. L’agence américaine prévoit en effet d’envoyer un nouveau rover dont l’objectif sera de recueillir et stocker des échantillons de roche pour un éventuel retour sur Terre. Jack Mustard, de l’Université Brown de Rhode Island et co-auteur de l’étude, a notamment déclaré que le rover de 2020 devrait s’attarder sur les « zones de fractures minéralisées » exposées sur la planète rouge.

Traces laissées sur Mars par le passage du rover Curiosity
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Il existe des preuves significatives que ces concentrations d’activité hydrothermale ont existé à un moment donné sur Mars. Des minéraux silicatés hydratés ont en effet été repérés en abondance par des balayages infrarouges de la planète, et bien que certains d’entre eux se soient formés à la surface lors de changements climatiques spectaculaires, de nombreux dépôts représentent des matériaux qui ont été exhumés du sous-sol.

Par ailleurs, trouver des preuves de vie passée autour d’une zone hydrothermale autrefois active sur Mars serait une percée scientifique double. En plus de confirmer que la vie a existé sur d’autres planètes, elle fournirait des preuves solides que les sources hydrothermales sont en effet le berceau de la vie sur Terre.

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