Trouver votre sosie : s’il existe, quelques clics peuvent suffire

Capture vidéo Youtube Twin Strangers

Combien de chances avez-vous de tomber sur votre vrai sosie, et ce de manière hasardeuse ? Si ce dernier existe, vos chances sont infimes, voire inexistantes. Depuis peu, des algorithmes changent quelque peu la donne.

« Si l’on parle de sosie au sens génétique, c’est-à-dire à l’ADN identique, seuls les vrais jumeaux sont des sosies », explique André Langaney, généticien à l’Université de Genève et au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Le chercheur tend à casser une légende qui dirait que chaque personne sur Terre aurait un sosie quelque part. Les vrais sosies sont appelés monozygotes, issus d’une même cellule œuf, mais ne représenteraient seulement que 0,35 % des naissances à l’échelle mondiale. Ce qui nous intéresse en réalité, c’est la probabilité de trouver un sosie génétique sans aucun lien de parenté, et celle-ci s’avère être quasi nulle.

« Les biologistes aiment dire aux astronomes, non sans une certaine fierté, qu’il y a plus de combinaisons génétiques possibles chez l’être humain que de particules dans l’univers » indique André Langaney,

Imaginez le « dépliage » de notre ADN : celui-ci mesurerait deux mètres et contiendrait pas moins de 3,2 milliards de nucléotides (molécules organiques). Mais en réalité, seule une infime partie de notre code génétique varierait d’une personne à une autre, ce qui laisse en apparence un mince espoir. André Langaney estime que « les êtres humains ont tous un ADN identique à 99,9 % », soit 3 milliards de nucléotides.

Il resterait donc « seulement » 200 millions de ces molécules organiques qui seraient variables selon les individus. Bien que ce nombre ne représente que 0,1 % du code génétique, la variété potentielle du génome humain balaye tout espoir si l’on considère l’espérance de vie moyenne (70 ans en 2012), et surtout le fait que nous ne sommes « que » 7,35 milliards d’individus sur la planète.

Cependant, il existe parfois des ressemblances assez fortes entre deux individus pourtant éloignés génétiquement, comme l’explique le généticien :

« Je vous ai expliqué la théorie, mais en pratique, ce n’est pas si simple. Le hasard peut faire que l’on ressemble beaucoup plus à son cousin ou à un inconnu qu’à son propre frère !

L’individu n’est pas uniquement la résultante d’une combinaison génétique déterminée dès la fécondation, et heureusement ! Regardez par exemple les vrais jumeaux : ils ne sont déjà pas identiques à la naissance, alors qu’il sont issus de la même cellule œuf. Si l’un est placé au-dessus de l’autre dans l’utérus, par exemple, il sera probablement un peu plus grand à la naissance et gardera souvent un peu d’avance sur son frère. »

Ainsi, des individus aux génotypes très différents peuvent présenter des phénotypes assez similaires. Cependant, une foultitude de facteurs peuvent les éloigner durant le cours de la vie, par exemple le lieu de naissance, en prenant en compte les caractéristiques locales : espace urbain ou rural, mer ou montagne, climat humide ou sec, température, mais également la qualité de l’eau et de l’air. De plus, nos deux individus ayant un phénotype proche ne se nourriront peut-être pas de la même façon au cours de leur vie, et consommeront (ou pas) des drogues, du tabac et/ou de l’alcool. En réalité, est prise en compte l’intégralité des détails pouvant affecter les caractéristiques physiques avec le temps.

Se trouver un « faux sosies » ou « simili-clone » est effectivement quelque chose de faisable. Ceci était auparavant réservé aux célébrités, car jouissant d’un régime de visibilité exceptionnel par le biais de leur popularité, mais l’arrivée des réseaux sociaux a changé la donne. En effet, le commun des mortels profite d’une nouvelle visibilité, augmentant les chances de déceler de fortes ressemblances entre les personnes. Ainsi en octobre 2015, le selfie pris par un écossais ayant rencontré un sosie par hasard dans un avion a fait le buzz, si bien qu’un troisième sosie s’est ensuite montré, ainsi que d’autres, un peu moins ressemblants tout de même.

L’exemple le plus frappant date de 2011, lorsqu’un certain Graham Comrie vivant en Irlande, avait trouvé son sosie grâce à une faute de frappe en tapant son propre nom sur Facebook. Le plus frappant fut leur similarité : ils partageaient le même prénom et quasiment le même nom, mais ils exerçaient également le même métier, étaient tous deux atteints de calvitie, souffraient chacun d’un embonpoint, s’étaient mariés la même année et possédaient un chien de la même race, qui plus est rare. Ils ne s’étaient jamais vus et n’avaient pas connaissance l’un de l’autre alors qu’ils habitaient à environ 15 km de distance.

Il est donc possible de conclure que le hasard est réduit par l’utilisation des réseaux sociaux. Sur Facebook, 775 millions d’individus sont potentiellement accessibles par chacun d’entre nous. Il y a 7,35 milliards d’êtres humains sur Terre et 20 % d’entre eux sont présents sur le célèbre réseau social. De plus, 50 % des utilisateurs se situent dans une fourchette d’âge comprise entre 18 et 35 ans, pour un âge moyen de 22 ans. Ainsi, le hasard peut mieux faire les choses grâce à Internet, mais un autre frein est incarné par le fait qu’il faille trouve la fameuse « faute de frappe magique », tout comme Graham Comrie.

Certains sites sont désormais dédiés à la recherche de sosie, comme la plateforme Twin Strangers qui propose d’allier certains critères relatifs aux inscrits à des algorithmes performants. Ainsi, une certaine Niamh Geaney avait trouvé de cette façon deux sosies, une en Irlande (à une heure de son domicile) ainsi qu’une seconde en Italie. Ce site Internet se base en grande partie sur la physiognomonie.

En somme, il est possible de se trouver des sosies en augmentant ses chances par le biais des réseaux sociaux et d’autres plateformes en ligne, mais il est impossible de déceler ne serait-ce qu’un seul sosie génétique, sans lien de parenté toujours. Cependant, rien n’empêche de chercher !

Voici une vidéo publiée par Twin Strangers, relatant notamment la petite aventure de Niamh Geaney :

Sources : Slate – Le VifRTL2