Comment les trous noirs façonnent le destin de certaines planètes ?

Crédits : Wikimedia Commons / NASA/CXC/MIT/F. Baganoff, R. Shcherbakov et al.

Les trous noirs ne sont pas que destructeurs, ils ensemencent et façonnent aussi l’Univers. Il semblerait qu’au centre de notre Galaxie, les trous noirs aient en effet la puissance nécessaire pour transformer les planètes environnantes.

Transformer une « mini-Neptune » en super-Terre rocheuse, les trous noirs en sont capables. C’est en tout cas ce que révèle une étude ciblant le renflement de notre Galaxie. Les trous noirs supermassifs, qui se trouvent au centre de la plupart – sinon de toutes – les grandes galaxies engloutissent la matière environnante, et à leur tour génèrent des éruptions lumineuses de rayons X et de rayons ultraviolets. La puissance de ces rayons aurait alors pour effet de « dépouiller » les exoplanètes proches de leur atmosphère épaisse et gazeuse, ne laissant derrière qu’un noyau nu et rocheux.

Selon un communiqué du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian (CfA), ces corps rocheux seraient probablement plus lourds que la Terre, ce qui en ferait des super-Terres. « Il est assez fou de penser que les trous noirs façonnent le destin évolutif d’une planète, mais cela pourrait très bien être le cas au centre de notre Galaxie », explique l’auteur Howard Chen, de l’Université Northwestern, aux États-Unis.

Les chercheurs ont ici examiné l’environnement de Sagittarius A *, le trou noir supermassif de 4 millions de masses solaires, mais dont le diamètre ne dépasse pas celui de Mercure. Vous le retrouverez au centre de notre Galaxie, à environ 25 000 années-lumière de la Terre. « Nous nous demandions ce que les explosions de ce trou noir pourraient faire aux planètes dans son voisinage », explique le co-auteur de l’étude, John Forbes. Les chercheurs ont plus précisément étudié l’effet du rayonnement sur les exoplanètes situées à moins de 70 années-lumière du trou noir et présentant des masses entre celle de la Terre et celle de Neptune.

Les exoplanètes de type Neptune présentent un noyau solide, et pour le cas de Neptune, il est à peu près aussi massif que la Terre. Au-dessus de ce noyau, vous retrouverez généralement une composition de roches en fusion, de glaces, d’hydrogène et d’hélium. Tout ceci forme au final une épaisse atmosphère gazeuse et uniforme. L’étude montre ici que le rayonnement de haute énergie de Sagittaire A * est si puissant qu’il pourrait emporter une grande quantité de cette atmosphère épaisse pour ne laisser finalement que le noyau. Les géantes de gaz se transformeraient alors en super-terres rocheuses.

« Ces super-Terres sont les planètes les plus communes découvertes en dehors de notre système solaire », note Avi Loeb, co-auteur de l’étude. Ce processus pourrait ainsi être la manière la plus commune de former des super-Terres rocheuses près du centre de la Voie lactée. S’il est possible que certaines de ces planètes se trouvent dans la zone habitable d’une étoile, il est en revanche difficile pour la vie de se développer, tant l’environnement autour du centre galactique est extrême : zone remplie d’étoiles, explosions de supernova, rayons gamma à haute énergie. Si la vie a pu se développer sur Terre, c’est parce que notre planète se trouve en périphérie de notre Galaxie. Dans le centre, la vie n’aurait pas fait long feu.

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