Quand les troubles de l’érection étaient punis par la loi

Crédits : Meditations / Pixabay

Aujourd’hui encore, la science tente de trouver des moyens pour soigner ou traiter des troubles de l’érection. Un problème qui a semble-t-il toujours existé, mais au XVIe siècle, ce n’est pas à un traitement que l’on avait droit en cas d’impuissance, mais à un procès. 

Viagra, pommades, thérapies par ondes de choc ou encore aliments favorables, il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités pour traiter des problèmes de l’érection. Un véritable problème de société qui a toujours existé, mais qui n’a clairement pas toujours été accueilli de la même manière. Ainsi, au XVIe siècle, les troubles de l’érection étaient légalement répréhensibles et passibles de procès devant l’Eglise.

The Paris Review raconte ces procès pour impuissance notamment décrits par l’historien Pierre Darmon, auteur du livre Le tribunal de l’impuissance: virilité et défaillances conjugales dans l’ancienne France, publié en 1979 et qui raconte l’histoire du marquis de Langey, noble accusé par sa femme d’impuissance. En 1657, la femme du marquis a attaqué ce dernier, cité à comparaître devant le tribunal de l’impuissance. À cette époque de l’Histoire, pour l’Eglise, si un homme n’honore pas sa femme corporellement, il viole délibérément le sacrement du mariage. Le tribunal de l’impuissance est alors en droit de prononcer un divorce et d’exiger des dommages et intérêts du mari jugé coupable.

Le procès du marquis de Langey aura duré deux ans ponctués d’interrogatoires et d’inspections des parties génitales de chacun des membres du couple. La Cour ne s’étant pas prononcée, elle a demandé la réunion du Congrès en 1659, une assemblée au cours de laquelle il a été demandé au marquis de faire acte de chair à sa femme en public, en présence de médecins, d’hommes de droit, d’hommes d’Eglise et de témoins. Incapable « d’honorer sa femme corporellement », le marquis a perdu le divorce et s’est vu interdire le mariage jusqu’à la mort de sa nouvelle « ex-épouse ».

La vie allait tout de même sourire au marquis de Langey quelques années plus tard lorsque, remarié, il donna à sa nouvelle femme pas moins de six enfants. L’erreur judiciaire de 1659 a alors mené à un arrêt du 18 février 1677 du parlement de Paris qui supprima la réunion du Congrès et démontra l’impuissance de cette procédure. De ce jour jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, il suffisait de procéder à un examen de l’appareil génital pour prouver son « innocence ».

Sources : slate, theparisreview