Des astronomes du monde entier viennent de présenter les résultats du projet Event Horizon Telescope. C’est désormais chose faite : nous avons réussi à photographier un trou noir.
Au centre de chaque grande galaxie se trouve un trou noir supermassif, des milliards de fois plus massif que le Soleil. Nous avons décelé leur présence il y a quelques années par leurs effets gravitationnels sur leur environnement proche. En revanche, nous n’avions jamais eu l’occasion d’en observer directement… Jusqu’à maintenant. Il y a deux ans en effet, des radiotélescopes disséminés dans le monde entier se sont unis pour capturer la toute première image de l’un de ces objets, niché derrière d’épais nuages de gaz et de poussière. Depuis quelques mois, les données récoltées étaient en cours de traitement, mais nous avons enfin le résultat.
Une première historique
« Nous avons pris la première photo d’un trou noir », a déclaré Sheperd S. Doeleman, directeur du projet EHT du Centre for Astrophysics, Harvard et Smithsonian. « Il s’agit d’un exploit scientifique extraordinaire accompli par une équipe de plus de 200 chercheurs ». Cette image inédite nous révèle le trou noir au centre de Messier 87, une galaxie massive située dans l’amas de la Vierge. L’objet évolue à 55 millions d’années-lumière de la Terre, et présente une masse 6,5 milliards de fois supérieure à celle du Soleil.
Scientists have obtained the first image of a black hole, using Event Horizon Telescope observations of the center of the galaxy M87. The image shows a bright ring formed as light bends in the intense gravity around a black hole that is 6.5 billion times more massive than the Sun pic.twitter.com/AymXilKhKe
— Event Horizon 'Scope (@ehtelescope) April 10, 2019
Un trou noir étant – par définition – noir, ce n’est pas le trou en lui même que nous apprécions. Selon la loi de la relativité générale établie en 1915 par Albert Einstein, l’attraction gravitationnelle d’un trou noir est en effet telle que rien ne peut s’en échapper, pas même la lumière. Pour l’observer, les radiotélescopes ont dû capter le rayonnement ionisant émis par la matière gravitant autour du trou noir, avant qu’elle ne soit aspirée. Juste avant le point de non-retour, la matière devient en effet très chaude, brille et émet de la lumière. C’est donc en photographiant ce tracé lumineux que nous sommes en mesure de pouvoir observer le trou noir posté au centre.
Les annonces faites aujourd’hui représentent l’aboutissement de décennies de travaux, à la fois techniques et théoriques. Une première historique qui aura nécessité une collaboration étroite de la part de chercheurs du monde entier. Treize institutions partenaires ont ici collaboré, avec le soutien de divers organismes.
Source
Articles liés :