Un trou noir supermassif délogé comme un malpropre de son centre galactique

Crédits : NASA, ESA, and M. Chiaberge (STScI/ESA)

Une équipe de chercheurs annonce la découverte d’un trou noir supermassif délogé de son centre galactique par des ondes gravitationnelles, ces ondulations dans l’espace-temps prédites par Einstein il y a plus d’un siècle.

L’Univers n’a rien de paisible. Il est même très violent et des événements qui dépassent l’entendement sont en cours. Il y a quelques jours, une équipe d’astronomes détectait un trou noir supermassif d’une masse estimée à environ 1 milliard de soleil qui s’est tout bonnement fait déloger, expulsé de son centre galactique à environ 8 milliards d’années-lumière dans la galaxie 3C186. Les chercheurs estiment qu’il aura fallu une énergie équivalente à environ 100 millions de supernovae pour expulser l’ogre cosmique de sa tanière. C’est désormais chose faite. Viré comme un malpropre à plus de 7 600 000 km/h, il se trouve désormais à environ 35 000 années-lumière de l’incident et on ne sait pas où il va finir.

Les images capturées par le télescope Hubble révèlent en effet un quasar brillant, la signature d’un trou noir supermassif actif, mais le quasar est loin de son centre. L’événement étant inhabituel, l’équipe de chercheurs menée par Stefano Bianchi, de l’Université Tre Roma en Italie, s’est penchée sur le problème et vous retrouverez l’intégralité de l’étude dans la revue Astronomy& Astrophysics. C’est en effet la première fois qu’un trou noir est repéré aussi loin de son centre galactique. Ils estiment aujourd’hui qu’une énergie propulsive fournie par des ondes gravitationnelles a été à l’œuvre. Et selon eux, ces ondes gravitationnelles auraient été produites par la fusion de deux trous noirs massifs au centre de la galaxie.

Crédits : NASA, ESA, and A. Feild (STScI)

Les chercheurs soupçonnent en effet que ce trou noir s’est fait déloger de son fauteuil suite à la collision-fusion de deux galaxies qui contenaient chacune un trou noir en leur centre. Cette collision serait survenue il y a entre 1 et 2 milliards d’années. Les trous noirs ont alors tourné l’un autour de l’autre au centre de la nouvelle galaxie elliptique en créant des ondes gravitationnelles. Ceux-ci n’ayant ni la même masse ni la même taille, les chercheurs estiment donc que l’émission d’ondes gravitationnelles a été plus forte dans une direction. Au moment de la fusion, l’émission anisotrope des ondes gravitationnelles aurait alors généré une telle force qu’elle aurait donc expulsé le trou noir, le chassant vers des horizons lointains.

« Si notre théorie est correcte », explique Stefano Bianchi, « alors ces observations fournissent des preuves solides que les trous noirs supermassifs peuvent réellement fusionner. Il existe déjà des preuves de collisions de trous noirs de masse stellaire, mais le processus de régulation des trous noirs supermassifs est plus complexe et pas encore complètement compris ».

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